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Entretien par emails avec Kat' De Velours et Zouzou Beretta,

deux membres de ce collectif nordiste qui n'a jamais froid.

Zouzou Beretta

 

 

 

Han Han :  Déjà, je me suis toujours demandé d’où venait le terme Burlesque, vous savez vous?

 

 

Kat’ De Velours : Le terme "burlesque" vient de "burla", en italien la farce, la plaisanterie... Wikipédia va te dire qu'il n'y a aucun rapport entre ce mot et le fait de danser en tenue légère, mais pour moi l'effeuillage burlesque est bel et bien un spectacle d'humour grivois, réservé aux adultes !

 

 

         

 

Han Han : Vous souvenez-vous du jour où vous vous êtes dites « j’ai envie de faire comme ces nanas de la première moitié du 20ème siècle » ?

 

Kat’ De Velours : Ce type de divertissement a toujours plus ou moins existé et ne se cantonne pas à la première moitié du 20e, même si effectivement, le new-burlesque utilise comme point d'ancrage l'esthétique et la tradition du déshabillage de ces années-là... Mais on peut voir des références très variées sur scène ! Je ne cultive pas de nostalgie pour ma part - j'ai sans doute été amenée au burlesque à travers un besoin scénique et un coup de cœur pour l'humour très particulier qui peut se dégager de ces spectacles. ​

Zouzou : Pour moi la découverte de ce mouvement s'est faite avec un reportage sur le "Velvet Hammer Burlesque" une troupe néo-burlesque. Puis j'ai organisée sur Lyon des soirées mêlant des groupes rock’n roll et des effeuilleuses. Petit à petit, l'envie de monter sur scène pour incarner des personnages et faire rentrer le public dans mon univers est devenue une évidence. Des performeuses m'on proposé de faire partie de leur troupe et c'est là que commence vraiment l’aventure.​

 

 

Han Han : J’ai une image hyper chaleureuse et boisée de l’effeuillage burlesque, est ce que c’est un truc qui se fait traditionnellement dans un chalet ?

 

Zouzou Beretta : Traditionnellement, non c'est plutôt dans un cabaret mais un chalet, pourquoi pas ? Moi j'aimerais savoir pourquoi cette vision de peau de bête et coin du feu lol.​

Kat’ De Velours : Autour d'une tartiflette !

 

 

Han Han : Est-ce que vous vous intéressez ou vous êtes déjà intéressées à quelque autre forme d’expression de l’érotisme ?

Kat’ De Velours : Non merci, je préfère le Scrabble-tartiflette.

Zouzou Beretta : Je me suis toujours intéressée à l'art graphique (peinture, photo, sculpture...). Ces arts sont de magnifiques témoignages du corps et de l’érotisme dans l'Histoire. Qu'elles soient modernes ou classiques, toutes ces œuvres nous content les mœurs sages ou débridées dont nous, contemporains, nous inspirons pour créer notre art propre. D'ailleurs les effeuilleuses sont souvent modèle pour des projets photographiques ainsi que pour des ateliers dessin où elles jouent les modèles vivants.​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Kat'

De

Velours

 

 

Han Han : D’ailleurs en quoi l’effeuillage est une pratique érotique ? Et en quoi ne l’est-ce pas ?

 

 

Zouzou Beretta : Basiquement, l'effeuillage est érotique car des vêtements sont retirés et que le corps est dévoilé, après il l'est plus ou moins selon les personnages incarnés ou les sujets traités. Comme tout art vivant une grande palette d émotions est à notre disposition pour faire rentrer le public dans notre histoire.​

Kat’ De Velours : Personnellement, j'utilise l'exercice du déshabillage et l'érotisme "facile" qui s'en dégage sans doute pour le détourner un peu... Et tenter d'amener la chose loin des notions classiques de ce qui est sexuel et de ce qui ne l'est pas. Ça n'a pas l'air fun dit comme ça, mais j'essaie aussi et surtout d'être drôle. J'adule l'érotisme ridicule dans le burlesque... L'effeuillage burlesque sur scène n'est selon moi pas une "pratique érotique" à proprement (ou salement) parler, mais un spectacle divertissant sur fond d'érotisme.

 

 

Han Han : Ca réchauffe de se déshabiller ?

 

 

Zouzou Beretta : Oui et toujours en espérant que le public ait plus chaud que nous lol.

​Kat’ De Velours : C’est assez physique !

 

 

Han Han : Parlons des garçons, ces animaux décérébrés, est-ce que vous vous attendiez à pire de leur part ?

Zouzou Beretta : C'est un peu dur « décérébré ». C'est vrai qu’il y’a toujours une petite appréhension avant de faire un show devant un public mixte car je me demande toujours si ma performance va être perçu comme il faut. Pour l'instant le public masculin a toujours été très respectueux et a toujours compris notre démarche donc que du meilleur et pas de pire. De plus, de plus en plus d'hommes se mettent au Burlesque.​

Kat’ De Velours : Les garçons ?... Connais pas!                                                                                           

Sans rire... Hommes, femmes et réalités alternatives (qui sont en majorité si on observe bien) ont tous/toutes des réactions personnelles et individuelles vis-à-vis d'un autre individu exposant sa nudité sur scène à travers un acte globalement considéré comme sulfureux. Et c'est bien plus intéressant comme ça. On peut en discuter... Mais si je devais résumer : nous sommes très bien reçues et on a des pelletées de groupies, évidemment.

 

 

Han Han : L’effeuillage et le féminisme, ça vous inspire quoi ?

 

 

Kat’ De Velours : D'abord : mon féminisme est un anti-sexisme. Je n'ai pour ma part pas peur du mot féminisme, mais beaucoup de gens si, du coup je me sens toujours obligée de préciser ce que féminisme veut dire, et qu'il ne faut pas le confondre avec Misandrie. Ensuite : on en revient un peu à la question de l'érotisme et de son ridicule... Oui, c'est un sujet qui me touche et me motive particulièrement. Et bien sûr, c'est très difficile à verbaliser - si ça ne l'était pas, j'écrirais des bouquins par exemple. Plus concrètement, le new-burlesque est né dans le milieu punk américain, donc oui à ta question quand même, au risque de faire grincer quelques mâchoires... Mille excuses. Encore une fois, on peut en discuter.

Zouzou Beretta : Qu'on le revendique ou pas, l'effeuillage néo burlesque est féministe c'est un art sans barrière ou la femme se réapproprie son corps et met à la poubelle tous les clichés physiques et moraux qui lui collent à la peau. Loin des diktats et des normes de la société, humour et séduction se mêlent et se confondent.​

 

 

 

Han Han : Vous vous retrouvez dans beaucoup d’évènements. C’était carrément impossible de vous louper le mois passé à Lille. Envisagez-vous de vous exprimer par d’autres biais que ces spectacles ? Y a-t-il d’ailleurs d’autres biais ?

 

 

Kat’ De Velours : L'effeuillage burlesque est nécessairement vivant, scénique, j'ai beaucoup de mal à l'envisager autrement. Mais ce n'est pas vraiment ta question, si ? Il peut constituer un évènement et une soirée à lui seul, ou s'intégrer à d'autres évènements, concerts, festivals, expos... Je crois qu'on essaie toutes d'être là où ne nous attend pas, et dans tous les sens du terme. D'ailleurs vous ne nous attendez pas du tout au BetizFest à Cambrai, le 17 mars. Et pourtant.

 

 

 

Pour en savoir plus sur le Cabaret Des Culottées

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