top of page

Chapitre 0

L’histoire. Comme un lever de soleil. D’amour un peu classique, il ne reste rien quand la guerre laisse place aux obscurs desseins. Avant le jour nouveau. Renaissance. Cauchemars. Anticipation. Imaginer être au volant d’une automobile. Imaginer, en fixant les pointillés, qu’elle s’imagine en train de faire du stop. Imaginer passer à côté d’elle sans la voir. Imaginer qu’elle imagine qu’elle crie son nom en le voyant passer sans s’arrêter. Une insulte puis deux. Pas mal de possibilités. Lumière puissante. Stop écarlate. Imaginer un animal au centre de la route. Imaginer qu’elle imagine courir. L’animal s’échappe. On rappuie sur l’embrayage par pur réflexe mécanique.

 

Le dos d’un rugbyman. L’ébat entre elle et un rugbyman. Son visage par-dessus l’épaule saillante. Leur corps, haut nu, il l’embrasse clavicule. Elle s’étire, c’est son truc. Lui ne bouge pas vraiment. La nuit a le pouvoir de rendre le monde plus vaste et oppressant. Monde sans limite. Où l’idée même de distance en s’effaçant n'en est pas moins diminuée et excitée. Où le plafond et le ciel invisibles sont proches et inaccessibles. La nuit dans son nombril, comme dans un cratère. Fabriquer un abris irradié de souvenirs. Au zoo, dans les rayons du soleil, le cœur arraché jeté. Alligators. Acre, ce goût de l’aventure. Tout laisser tomber et faire un film sans rétroviseur. Sans compétence, naïf comme si tout recommençait. Perdre 10 ans sans impulsions électroniques mais elle et lui, dans leur nocturne immobilité, nocturne éclairage partagé dans le creux d’une journée lunaire. Un nid, une paume de main, une forêt de poils pubiens.

 

Une démarche, une façon de se tenir. La nuque visible après le passage d’une bourrasque. Hanche, mouvements et pensées. Le store monte et le soleil, montre de rayons aveuglants. Que la lumière soit et l’amour est. Des jambes, une infinité. Fixer l'attention sur un point. Tout se remet en branle. Défile la cascade d’eau chaude. Recréer les sensations manufacturées en exploitant notre centrale thermique à bras d’homme et faire exploser tous les barrages, un à un. Le carrelage mural dans la main. H2o. L’eau qui coule sur son visage ainsi que dans le vide enfumé a été traitée au chlore, à l’ozone, à l’acide sulfurique et au soude. Dans la clavicule, dans le nombril, entre les omoplates, entre les orteils, maintenant il n’y a plus une trace. Son corps sec. On croirait un garçon qui se branle crispé. Paralysé pendant que son sang, toute sa vie autrement dit, fluctue en direction de son gland comme un pèlerinage. On voit très bien le visage qui boude, des rides jeunes, dents serrées. La bouche grande ouverte. Lui, fait plutôt la mine de celui qui, emmuré dans un labyrinthe, après avoir perdu espoir de trouver la sortie, se contente de ce qui est. Souvenirs et mûres de buissons. Quand il enjambe la baignoire, rincé, sa queue est gonflée, décalottée. Il saisit une serviette et s’y engouffre. Se branler sous la douche comme répéter un culte. Toutes ces belles pensées concourent à la même production émotionnelle. Ayez horreur des classiques.

 

 

Un texte originel de Charly Lazer

bottom of page