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Galaxie Foufoune

   On dort dans la grotte. Ca fait deux mois que je suis logée dans cette horrible chambrette en rez-de-parking par une production minable de comédie musicale dans laquelle j'essaie tant bien que mal (depuis quelques semaines, je dirais plutôt mal...) d'exercer mon art. Il fait humide. Nous dormons dans un petit lit une place, premier prix Ikéa. Quand il est là, je dors quand même mieux. J'entends les voix stridentes de mes collègues dans mon sommeil. On appelle ça hallucinose je crois, dans ce cas précis, parlons d'aliénation. J'ai un peu mal à l'épaule droite et aux lombaires à cause des mouvements que l'on fait dans le spectacle, un ersatz de tango et de salsa censé représenter l'Argentine. Je sens une puissance m'assaillir. Il m'embrasse à pleine bouche. Beaucoup plus directement que d'habitude. Sa bouche est humide, gourmande. Il passe au dessus de moi, caresse mes seins, les embrasse. Sa main descend le long de mon ventre et va directement à cet endroit de mon corps que j'aime tant. Pas besoin de tourner autour du pot, il est pile dessus tout de suite. Je suis déjà très excitée. Il descend et me lèche. Malgré le demi-sommeil, ma première pensée est : « je croyais qu'il n'aimait pas les poils ! ». Manifestement, quand il dort, ça le gêne moins ! Je bascule sur le côté droit. Ma douleur à l'épaule a disparu. Il me pénétrait déjà. Ca doit être un truc comme du tantrisme, je le sentais venir en moi, mais pas avec son corps, avec sa nature. Sa bite m'écarte un petit peu. Je suis très mouillée. C'est doux. J'aime quand il reste comme ça juste à l'entrée. Maintenant c'est moi qui me touche et il glisse en moi très doucement. Je n'en peux plus. J'en ai envie. J'ai l'impression que sa bite est énorme, qu'elle caresse toute ma peau, mais de l'intérieur. Il fait des râles avec une voix grave, animale, sensuelle. Il est beau comme ça, sauvage, franc. Il passe son bras autour de mes hanches et me place face au matelas. Je serre les jambes pour le sentir encore mieux. Je sais qu'il va jouir et suis dans un espace noir qui doit ressembler à la galaxie. Il vient. Je pars.

- Tu dormais ? C'est dingue, je me suis réveillé j'étais en toi. J'ai pas pigé ce qui s'est passé. Qui a commencé ? .

   Je suis heureuse que son inconscient me désire et de découvrir sa vraie nature.

 Je me pose encore des questions sur les poils. Comment s'épilent les autres filles ? Retirent-elles vraiment leur culotte chez l'esthéticienne ? C'est ça être esthéticienne, voir des chattes ouvertes toutes la journées entre deux manucures ? Elles disent toutes faire ça pour elle-même. Moi, bizarrement, je me sens plus sensuelle quand j'ai des poils. Mais c'est vrai que je me sens plus érotique épilée. C'est la bonne volonté érotique : l'épilation, la lingerie pas confortable, les talons. Je fais une sorte de distinguo entre une sexualité visuelle et une sexualité ressentie, physique. Comme je sais qu'il est sensible à cette bonne volonté j'essaie de trouver un équilibre entre les deux, l'éternelle question de nature et culture.

Une histoire d'Anne Freches illustréé par Lila Juprez

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