top of page

D.K - Island Of Dreams

Je n'ai pas de petite copine, et je n'en aurai peut-être plus jamais. Je te rassure Delphine ce n'est pas la raison de cette chronique. Ca me rappelle seulement quand D.K. m'a dit que son nouvel album c'est "pour la maison, avec sa copine". Je me sens plutôt souvent pathétique quand je regarde une fille, sauf quand D.K. ou Zaltan de chez Antinote passent des disques et que tu es près de moi. J'essaie même d'arrêter, en mettant mes doigts devant mes yeux, ce qui est d'autant plus ridiculeusement frustrant que c'est le seul moyen que j'ai trouvé, je mets en cache la réalité. Le problème c'est que du coup j'ai des photographies instantanées, instagrammées devrais-je-dire, qui se répètent dans ma mémoire. J'imagine que tes cheveux longs et lisses glissent et descendent dans ma gorge et leurs pointes caressent mon coeur. Ca chatouille. Tu peux me grimper dessus, tu peux t'allonger sur moi et prendre le soleil ou prendre mes aisselles pour un parasol. J'essaie de te le dire sans piper mot. Je me tais, avant qu'il soit trop tard et que je ne puisse plus rêver. Le soleil se lève, j'espère que tu passes de belles vacances sur ton île, moi je mange trop de glaces à l'eau, je n'ai plus de palais. (CL)

 

Tu peux écouter ce disque ici

https://antinoterecordings.bandcamp.com/album/atn026-d-k-island-of-dreams

David Bowie - Blackstar

Ma dernière cuite a été pour toi. En fêtant le premier jour du reste de ta vie dans l’espace, j’ai trinqué à toi, plusieurs Kir Royal qui m’ont fait tourner la tête. Mieux qu’au théâtre, ton dernier album tel un goodbye forever est une remarquable sortie. On t’a vénéré comme un Dieu, mille hommages jolis pour tes bizarres yeux. Je suis impressionnée, d’avoir eu au téléphone mes deux parents, en annonçant ta mort et discutant paisiblement de ton dernier album. Une sorte de tonton inaccessible de toutes les familles, qui pardonnent bien vite la drogue dure que tu as ingurgitée. Nous laisserons à nos mômes un souvenir chaleureux pour toi, et ne parlerons jamais de ta paranoïa. Les secrets de famille ça se garde pour soi. Contaminons plutôt nos futurs proches aux micro poussières de Black Star, de petites particules magiques et rebelles. Ton ambition et ta passion, nous les écoutons maintenant à travers machines et streaming, tu seras partout pour toujours, là ou il y aura du haut débit. (SA)

 

 

James Ferraro - Skid Row

GGGGGGRRRRRRRRrrrrrrrrrrsrrrrrsrscrrscchhhhhhhhhhhhhhhhh……. TV One, zéro. Sur la Trois, une grande blonde, la bouche peinte et mal assurée, parle canicule. En effet, dehors, les jeunes filles, le cul moulé dans des shorts en blue jean 501, le fond des poches qui dépasse et la poitrine débordante, font coller leurs baskets sur l’asphalte direction L.A.. On les retrouve sur la 13ème, à s’arroser au ralenti, à grand coup de pistolet à eau fluo, genre Robocop, sur des musiques moites et criardes. Course poursuite sur la 8, deux femmes s’enfoncent dans la nuit sous les projecteurs dans leur Ford Bronco, direction L.A.. Molly rentre enfin, le t-shirt trempé et noué au nombril, les seins offerts par transparence ; la semelle de ses chaussures noircie et poisseuse. Les deux femmes de la 8 sont maintenant plaquées sur le capot par deux brutes badgées, les projos pleine face et le cul bombé dans leurs shorts élimés, les jambes écartées. J’entrevois l’amorce d’un cheval sur le bras de l’une d’elle, dans le ʌ des cuisses de Molly, penchée devant moi pour éteindre la télé, mimant les deux femmes sur leur capot bouillant. Un bandeau sanglant n’aura pas le temps de défiler d’un genou à l’autre… Chtac  ! Écran noir. Le bas du dos découvert, j’y redécouvre son tatouage sur le bas des reins - 1992 - police Skid Row. (G)

 

Tu peux écouter ce disque ici

https://soundcloud.com/breakworldrecs/sets/james-ferraro-skid-row-private-stream

Tim Hecker - Love Streams

Adieu Facebook. Au commencement, c'était comme être un crackhead et se faire mettre des trafalgar par tous les dealos de la terre. Et leur demander pourquoi. Et ne jamais avoir de raison valable. Maintenant je m'occupe à redécouvrir les joies simples de la vie comme un ex-taulard ou un ex-esclave ou un ex-petit ami. Beaucoup de choses n'ont cependant pas changé : je continue de me couper les doigts en faisant la vaisselle, la cordillère de post-its tout autour de mon Vostro 3550. Mais demeurent, ce n'est plus une question d'époque, des courants d'air frais qui transportent des idées positives et les vulgarisent à l'esprit hébété de fatigue. J'ai dans ma main un cookie intact, à la noix de coco; je m'apprête à lire David Foster Wallace, quand j'aperçois la tasse dans laquelle une Allemande a bu ma tisane quelques nuits en arrière. Parfois son regard, de profil, me rappelait Kim Basinger, dans Batman. Le courant était bien passé entre nous, puis fatiguée, presque allongée dans le canapé, elle avait décidé de rentrer se coucher malgré la panne des réverbères des rues alentour. J'avais trouvé une raison valable de sourire une fois seul : je l'avais rencontrée In Real Life. (CL)

 

 

Melodium - Friendly Vehicles

Petits boutons illuminés et écrans séparés. elles jouent aux jeux vidéos, dans leur chambre d’étudiantes de 9m2. C’est ce qui sera écrit sur le bail, de ce vieux propriétaire pervers et fourbe. Elles sont sûres que ce salaud mitonne, comme le reste de la société. Juste leur envie de taper sur les murs avec les manettes, d’exploser les X bleus et les avaler. En fumant de gros pétards mal roulés en buvant du vin blanc à 2,10 euros, elles se promettent amitié éternelle : force et honneur. Promis toutes leurs vies, elles choisiront les héroïnes féminines plutôt que les hommes musclés des derniers Games.

Par le vélux sale, je les observe. Je les trouve rigolotes, je me fous gentiment un peu d’elles, je les laisse rêver dans leur petit espace et leur activité chronophage, après tout moi aussi j’avais juré craché d’être une ado et de ne jamais oublier que les adultes me faisaient trop chier.

Mais aujourd’hui, petite dame disciplinée dans le grand manège espiègle, en quête d’un jeu bien chiadé, je cherche à avoir le plus de points de vies possibles… En buvant un très bon vin blanc local, dans un joli verre de bourgeoise bien reposée. (SA)

 

Tu peux écouter ce disque ici

https://melodium.bandcamp.com/album/friendly-vehicles

 

Bestial Mouths – Heartless

Je passe mes soirées à m'empiffrer pour ne jamais aller me coucher. Si je devais mettre une note au gâteau qu'a fait ma maman le weekend dernier, et dont il reste une part dans un tupperware rose, ce serait 9,8. Il est vraiment exquis. En guise de célébration, extrême-onction d'une forêt noire, je voudrais inviter à sortir cette fille avec qui je partage des idées saugrenues sur le morbide et la modernité, mais je ne le fais pas. On se parle que depuis aujourd'hui. Du coup je mange seul comme un moine, c'est-à-dire silencieusement. Mais vu que les moines sont souvent vieux ils ne mangent pas silencieusement c'est pas possible. En parlant de ça, c'est sûr, elle dort à l'heure qu'il est. Elle rêve de tous ses ex qui sont des fantômes, sa maison en est hantée de la cave aux greniers. Soudain, puisqu'elle a bêtement oublié de fermer une fenêtre, le vent fait tomber un verre qui se brise, elle se réveille, elle transpire. Demain quand elle se lèvera, après avoir fait entrer le soleil dans sa vie, elle découvrira qu'il y a des traces de pas sur le sol et que ce n'est pas son sang à elle puisque ses pieds sont propres et qu'on pourrait les sucer sans précaution, d'autant plus qu'il n'y a aucune cicatrice sur son corps, à part peut-être celle ancienne d'une appendicite, mais je n'irai pas jusqu'à lui demander si elle s'est faite opérer, ça pourrait exciter sa curiosité. J'en serais à ma 4ème nuit blanche, le teint blafard, je voudrais que mes larmes coulent dans ses yeux clairs. (CL)

 

 

Ces chroniques ont été écrites par Steiger Amandine, Charly Lazer et Gustave

bottom of page