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Lascivious music for lascivious people

Matt Kivel - Days Of Being Wild

J'en appelle à un cataclysme des sens! Il est temps de se laisser transporter par la création chimérique de nymphes barbares; belluaires de corps exaltés, dévalant des ondes d'extase, bustes hauts. Parties à l'assaut des plus chastes, elles commencent la révolution sans vous. C'est l'heure du corps à corps, de composer cette euphonie charnelle qui étourdira les esprits... Un vent de démocratisation libertine. Ravissons les esprits par chuchotements concupiscents! Sauvons-les des griffes « mœursières » d'une idéologie asservissant fantasmes et béatitude! Gardons l'esprit luxurieux que l'on enfile à l'aube d'idylles voluptueuses. Jetons-nous en toute impunité sur ces réjouissances que nous réservent les éphémères sensoriels! Days of being wild... Des frémissements nous font chanceler sur ces airs hypnotiques. Rondes caresses sur des peaux encore silencieuses, soupirs. Orgasmes orphéoniques s'entrelacent aux souffles haletants. Fredonnons de belles odes à la pornographie... Une eurythmie progressive et il n'aura jamais été aussi doux de faire la guerre. L'ondée de perles salines annonce le règne des heures placides. L'odeur sucrée des exaltations belliqueuses est à présent diffuse. Ciel métallique de septembre. Lumière nébuleuse. A l'infini, leurs démarches chaloupées font pour quelques secondes grincer le parquet de la chambre, comme un au revoir discret. Lascives, leurs hanches me rendent impie. Était-ce un rêve..? Un rêve prophétique... Et je me lève les yeux encore mi-clos, enivrée par ce mirage nocturne. Le soleil éclaire à présent les rues parsemées de midinettes aux carnations lumineuses. L'idée d'amour universel est là à se pavaner, et ne se trouve plus qu'à quelques pas... Matt Kivel m'a poussé à faire le premier. (SMG)

Caribou - Our Love

Quel plaisir, en cette rentrée, de vous présenter la bande-son pour bien faire l'amour. A chaque sortie du Caribou, je me tiens là, tapi dans l'ombre, je le suis, guette ses changements de direction et avant de m'en rendre compte je me retrouve plusieurs jours d'affilée à l'écouter, en boucle, rejouer un titre encore et encore jusqu'à ce que la nuit tombe et que mes yeux deviennent trop lourds à porter. Là, je me glisse sous la couette et Caribou continue. L'histoire sans fin se reproduit tout le temps, le titre de l'album en est témoin. C'est éternel. On n'y peut pas grand chose alors autant s'en satisfaire, autant prétendre qu'on est heureux, sourire, et finalement l'être, ce sourire qu'on arbore comme un drapeau sur une prairie pleine de danseurs fatigués. Que ce soit cet hymne aux préliminaires qu'on ferait des heures sans perdre haleine All I Ever Need et s'il est vérifiable que les voyeurs ont une préférence pour les journées ensoleillées ils n'ont qu'à se masturber sous la nébuleuse Back Home. En d'autres termes, je peux dire que j'aurais pu me passer de ce disque de plus, mais qu'un peu plus d'hédonisme au creux de l'été, quand chantent les flûtes de la conscience, le tonnerre et la pluie diluvienne, ne me fera pas mourir plus idiot. Et si notre amour avait hiberné trop longtemps et qu'il était l'heure qu'il s'éveille, migre vers d'autres plaines, se baigne sous d'autres fontaines. Pour cela, ne soyons pas trop impatients. (CL)

Esben & The Witch - A New Nature

Déhanchée au-dessus du plan de travail, en t-shirt blur et caleçon à petits ours je me dis qu’il est temps de cuisiner. Les aliments me semblent trop salés mais pas trop sucrés. Post-rock et post-punk. C’est Esben & the Witch qui a fabriqué un mélange exquis et pimenté.

Leur deuxième album est encore plus profond et plus sombre. Je me plonge dans des mélodies torturées. La poêle et l’huile brulante me donnent chaud. Je fais un noeud avec mes vêtements et je me brule avec le manche. Tout est beau et si intense, que c’est bon d’entendre A New Nature, là, accroupie pour essuyer les gouttes glissées sur le sol lisse.

Cuisiner me semble différent. Je lèche le bout de mes doigts ce plein de sauce. Je n’ai jamais autant aimé ce groupe de Brighton…

Sonne plus fort, je dois touiller plus vite la cuillère en bois. A New Nature est leur meilleure piéce, The Jungle le meilleur ingrédient. J’ai envie d’inviter tout le monde à en manger ce soir. Il faudrait que je m’habille un peu, mais la vapeur rend ma peau moite et je n’aime pas porter des choses quand je suis mouillée.

Des guitares qui explosent, des voix toutes lointaines et le dark côté de l’album. C’est tout réussi avec tellement de facilité, ils sont honnêtes avec eux-même. Et moi, je voudrais ne jamais arrêter de souper pour encore les écouter. (SA)

Spoon - They Want My Soul

A l'écoute de Spoon, je flanque mes sandales au-dessus des nues. Cette nuit mes pieds cavalent dans l'herbe mouillée. Des jolies balades salies par une voix éraillée. Je continue ma course et mes hanches s'appliquent à dessiner de petits cercles dans l'obscurité. Je danse, je danse. A l'encoignure des rues charbonneuses, je me précipite dans de vastes flaques de pluie pour sombrer auprès de toi. Nous nous étendons le long d'histoires et prenons le temps de songer. Nous avons alors la liberté d'être à tous moments, au passé, au futur, au présent – tout en restant là. Suivent alors les discours muets où le heurt des lèvres est une arme éloquente. Je voudrais que ce timbre séduisant ne soit plus que le seul à pouvoir parvenir jusqu'à moi. Spoon m'enivre. Et comme à chaque lampée de trop, je me sens mue par un désir de révolte. Alors je me jette sur toi, te force à te taire; de manière à ce que ce prodigieux langage devienne aussi le tien. Puis je croule sur l'épaule de l'amoureux et les histoires reprennent où elles s'étaient arrêtées. Des chansons et des chansons, lancinantes et touchantes, qui donnent envie de s'échapper. (SMG)

Jenny Hval & Susanna - Meshes Of Voice

A chaque fois que j'emploie ce disque dans le but de me distraire l'âme mon coeur se resserre et s'assèche comme un lac de Californie. Il ne reste plus qu'une fine pellicule, sur le lit un peu de poussière, et assez d'air pour s'endormir. Ces mailles de voix qui dessinent les courbes à la perversion sont l'antithèse du dernier corps bronzé de Caribou chroniqué plus haut qui bien qu'aussi synthétique qu'une bouteille d'Arizona Iced Tea n'en est pas moins coloré. Jenny et Susanna, elles, ont opté pour l'absence de couleur, le noir, dans lequel on se perd, bien que troublé par la pleine lune qui rugit et inonde la peau des blondes de rayons de lumière blanche, toutes les couleurs se déguisent simultanément sur la poitrine, tant mieux. Tant pis si parfois je me sens comme cette coquille vide, ou mou comme cette méduse, l'instant d'après je me remplis d'énergie; cette onde positive, comme on dit sur les hauts plateaux vétus de toge, de chapeaux d'osier et de colliers d'or, est un panneau planté dans le sol rêche tourné vers le futur. Après quoi, je me demande comment retrouver mon chemin. Je m'abrite des louves et de leurs petits et quand mes yeux s'ouvrent sur le soleil qui m'atteint je le remercie d'être ma boussole. Et je bois ces voix à la gourde le menton pointant vers ce nuage. (CL)

Whirr – Sway

Du gaze sur les yeux, de la brume dans les cheveux et des fumigènes qui montent des chevilles en haut des cuisses. Ta respiration m’inspire et ton oxygène m’enivre. Je rêve de goûter ton haleine et de frotter ma peau contre les poils durs de ta mâchoire.

Je plane et je dérive, barque soviétique du vieux port à la vieille Californie. Sway, surf sur l’eau aux courants tièdes, ton liquide s’empresse de me recouvrir le ventre et le plexus.

Une Love story pour Slowdive ou My Bloody Valentine. Je crache sur les écumes et les chants lointains s’entremêlent dans mes cheveux humides et poisseux. La terre est proche, ta nonchalance m’oblige à traîner les pieds. WHIRR, sauve-nous, pauvres pécheurs, d’une noyade violente vers de froides ténèbres. Ta gorge emprisonne cette voix démente et le marin attrape de longues cordes. Cette pose impudique. Je n’imagine qu’expériences sensuelles sous ce léger brouillard. Des nuages se dégagent, autour de toi tout n’est que reflet de la lune craquée. Le navire tangue et de doux bruits éveillent ma sensibilité. Un choc de métal sous un air de post-rock. WHIRR, ne coule pas, ramène-moi sur la côte, près de San Francsico. L’environnement effervescent calmera l’ardeur de mes ambitions et de ton ambiante mélancolie. (SA)

Chroniques écrites par Shani Mac-Gomez, Charly Lazer et Steiger Amandine

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