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Liberation - Liberation

Les filles en blue-jean taille haute ont enfermé mon coeur dans un abris antinucléaire ou je suis un gateau à l'abricot sous une feuille d'alu. Lorsqu'elles plient leurs jambes sur leur siège et les écartent innocemment elles boivent mes yeux, ma mémoire, mon histoire à la paille et recrachent tout dans les oreilles lascives de clients égarés. J'ai perdu mon identité sur leur sexe en blue jean. Le temps c'est que des chiffres qui défilent sur un écran. Chaque fibre émanant de données numériques, je me démultiplie continuellement, je me nourris de leurs fesses, exclusivement. Je suis presque aussi con qu'un pilote de Nascar qui essaie d'écraser une mouche dans la dernière courbe alors qu'il était en pole position et maintenant il est dead. Dans la courbe de leurs hanches, je me penche, je me ramasse sur la moquette puante et moite. Rampe jusqu'à leurs pieds que je déchausse sous des effluves de surprise. Leurs orteils un à un et parfois à plusieurs dans ma bouche qui déborde d'eau de source et de salive. Un client qui se la touche continue de leur parler de vacances exotiques et je remonte sur leurs jambes jusqu'à l'entrejambe vétu que je suce. Blue-Jean & Oral Sex. J'ai pas trouvé mieux pour jouir. (CL)

Bernardino Femminielli - Plaisirs Américains

« Ici, on est pas en Amérique  ». Je lis ce roman, installée sous un grand arbre touffu et plein de racines apparentes. Grand chapeau noir et lunettes de soleil, soudain j’entends quelqu’un plonger… C’est un homme, nu, il se rafraîchit. J’ai l’impression de gêner, il faudrait que je détourne le regard. En remontant sur les petits rochers, ses muscles se contractent. Il passe ses mains sales dans sa moustache mouillée. Pourquoi je n’arrête pas de le mater ? Je me sens toute puissante, gamine observant un comportement d’homme au naturel, pendant que je suis dans ma cachette. Je le vois marcher de nouveau vers l’eau. Non, ne pars pas loin l’intriguant ! Je lance un caillou plat pour faire un ricoché. Il entend, se retourne brusquement. Cri et chuchotement. Sa voix éraillée mélodramatique. Sans crainte, sans doute, il regarde la rivière et bourdonne. Il susurre doucement. En français, homme romantique et érotique. Femminielli. Passion et cachoterie. Comme un chant de sirène, j’écoute et me fond de plus en plus dans mes racines. Mes épaules tanguent, je danse lascivement. Je suis sale, comme sa moustache, dans la terre humide. Le soleil se couche, je reste au même endroit, je ne partirais pas. Plaisirs Américains. Nous sommes tous à toi. (SA)

Niagara - Hyperocean

Je me vois dans les phares de la voiture qui vient sur moi. Les rayons aveuglants comme un arc-en-ciel et moi je suis la licorne noire. J'ai longtemps trottiné après les filles, joggeur, immature paumé, mais rarement amant parfait, et quand j'ai cru pouvoir l'être j'étais en fait en train de nager au milieu d'un océan de rien et je tournais en rond. J'ai bu la tasse et j'ai échappé à la noyade sans doute juste parce que l'océan se vidait grâce aux chinois qui polluent beaucoup dans leur silence de mort. La nuit. Oui quand il fait nuit sur mon coeur, il fait jour en Chine, c'est la vérité, j'y peux rien, je dois vivre avec, un jour de plus à tenir. L'océan et ses vagues que je ne connais pas bien, sujet flou, m'inspirent le passage dans un autre monde où l'Homme serait une fois pour toutes ce qu'il a jamais voulu être. Il pourrait bien passer tout le jour à faire des cascades et tourner sur la tête. Il pourrait voler. J'ai jamais osé chourer des bonbons moi, les autres enfants m'appelaient trouillard. Je me suis longtemps battu contre ce que je suis, tout le monde fait ça; tout le monde essaie de se transformer et moi j'ai juste envie de me noyer dans ton corps qu'est hypercool. Qu'on fasse qu'un devant l'éternel qu'est rien qu'un abricot qu'on peut partager si tu veux. (CL)

Vesuvio Solo - Don't Leave Me In The Dark

Voici une histoire d'amour dont l'authenticité demeure improuvée mais que j'aime croire vraie. Ouais. J'ai eu une relation avec une fille quelques années dans le passé. Elle ressemblait totalement à l'Alicia Silverstone de Clueless, dans une version brunette. Quand je glisse ce maudit dvd dans la fente je chiale, comme la fois où j'ai songé à elle emmailloté dans les rayons sexy du coucher de soleil du métro aérien, en me goinfrant de chocolats Suchard dont la date de péremption a expiré. Son prénom commence par un J et se termine par un E mais j'ai pas le droit de l'écrire. Un jour j'ai cité celui d'une autre ex dans une nouvelle, ça racontait qu'elle était vierge, que ses pipes étaient néanmoins très cool. Pour cette traitrise, j'aurais pu finir en BIFI, ces saucisses belges fumées et flippantes. Ne jamais écrire le nom d'une ex. Personne m'avait prévenu. Mais j'avoue faut être con. Alors, avec ma petite Alicia Silverstone d'étudiante en médecine, un jour avant d'aller au concert de Die!Die!Die!, nous avons fait l'amour d'une façon vraiment belle. On avait l'air d'amis supercomplices. Je revois son sourire dans ses yeux. Après, bien sûr, il est arrivé le moment où ne me comportant guère en adulte elle rencontra un beau brun mystérieux de son âge qui était plus ou moins mannequin. Je me retrouvai sur la paille agitant ma bite comme un drapeau blanc. Dire adieu à quelqu'un c'est comme savoir que la coupure de courant durera tout l'hiver, alors je danse sur de la pop douce amère, avec pour dernière lumière celle du réverbère transperçant la persienne. Et puis je revends mon DVD de Clueless si ça intéresse quelqu'un. Le crane est une ruche, et ça bourdonne dès que j'ai besoin de tendresse. (CL)

Rhone Poulenc - Nique, La France

Ecroulée au creux des oreillers affadis par les longues nuits d'errance, me retournant dans les draps encore humides et chauds. L'ennui. En caressant le sol mes doigts effleurent une boîte en plastique. J'ai d'abord cru à une hallucination. Cette pochette ne reflèterait pas... Je traversais les rayons du soleil qui s'infiltraient à travers les volets. Après avoir légèrement monté le volume, je... plus rien. Enfin je ne sais plus bien ce qu'il s'est produit. Je me suis allongée à nouveau, il faisait particulièrement lourd. Légère mélancolie qui s'impose à nous à chacune des fins d'été.

J'ai fait une sorte de rêve, assez étrange. J'étais dans un univers naïf aux tonalités futuristes. Je voyais des images s'entremêler pour venir former un bilan de l'année qui venait de s'écouler... Comme si je pouvais palper mon passage de l'adolescence à l'âge adulte. Tourments triviaux d'une trentaine privée de sexe. Vieux générique d'une série b des années 90. Adieu belle croûte, mélodrame d'une époque non révolue. (ST)

Teen Suicide - It's The Big Joyous Celebration, Let's Stir The Honeypot

L'adolescence est comparable à un album de 26 morceaux enterré au fond d'un jardin secret. Des enfants un peu trop curieux qui passaient par là sur leurs vtt rouillés aperçoivent deux tourtereaux qui s'envolent sans se retourner. Ils délaissent leurs bécanes sans cale-pied à même le trottoir là où risquent de se prendre les pieds des vieillards bègues et malvoyants. Ils s'avancent un peu effrayés mais avec la même excitation fraternelle qu'à la fin de Ca, Il Est Revenu. Ces petits êtres en devenir aux frisottis, pas plus hauts qu'un nain de bonne taille, ont encore de la naïveté dans les yeux qui pétillent comme un coca mais on sent que personne sur Terre ne pourra les faire renoncer, rebrousser chemin et se barrer en blaguant, en s'insultant, en sifflant les gonzesses qui bronzent dans leur jardin ou sur leur toit. Que faisaient ces oiseaux sentimentaux et hormonaux les mains dans la terre? La planète sur laquelle ils étaient nés ne les avait jamais autant intrigué qu'à ce moment précis où ils avaient maté en pervers par-delà le buisson l'innocence s'évaporer en frissons. Maintenant ils avancent les yeux globuleux comme des mappemondes. Ils s'agenouillent autour de ce qui ressemble à la tombe vite faite mal faite de leurs animaux de compagnie sauf que si c'était leurs animaux de compagnie ils se contenteraient d'une prière et retourneraient faire les cons et effrayer les vieux du quartier. Présentement ils se sondent les uns les autres jusqu'à ce qu'un d'eux ose inaugurer l'exploration. En plongeant leurs mains fines et douces et parfois suturées dans la terre humide, le ciel se couvre et puis l'eau tombe en trombes métamorphosant les frissotis en risotto. Ils déterrent les bandes, les foutent sous leurs t-shirts et courent. Ils partent chacun dans une direction opposée en se criant “A ce soir!”. Le soir venu, la pluie s'est tue, les parents absents, le gosse qui a conservé les bandes magiques accueille ses amis et les emmène dans la cave qu'il a aménagée au printemps et qu'il est fier de leur montrer, il a l'impression d'avoir 15 ans. Ils se racontent leurs peurs et tous d'un coup se tournent vers leur hôte lui réclamant sans mot dire une évidence. “C'est bon, c'est bon, je m'en occupe...”. Il place les bandes sur la machine cylindrique, il a les mains qui tremblent. (CL)

Chromatics - Cherry

J’ai poncé l’album de Chromatics. Pourtant au départ, je préfère quand même Glass Candy. Mais les comparaisons c’est fini, on peut aimer les deux. C’est Johnny Jewel partout. Je l’écoute, la fenêtre grande ouverte. Avant que mon regard puisse accéder à la rue, tout en bas, des grosses plantes grasses, vertes et grises, me cachent la vue. Je leur fredonne les chansons, chante faux de temps en temps les paroles. Elles sont mon nouveau public. Je suis emplie de nostalgie en t’écoutant Chromatics. Je me souviens de l’été dernier, à Los Angeles, ton pays d’origine. Je me rappelle tendrement le chemin que j’ai pris pour aller jusqu’a toi, puis la souffrance que j’ai vécu quand je suis repartie. Cet été, ici, il fait moins chaud. Les nuages me surveillent sans cesse et le vent chiffonne bien mes cheveux épais. Je caresse une à une les feuilles molles. Je suis amusée. Le LP «  Cherry  » est plein de surprises. Plus que d’habitude. Les transitions sont romantiques et plus sombres. L’album est pour mon été à moi. Aucune sensation de solitude, mes nouvelles amies végétales me suffisent amplement. Tout comme les versions instrumentales. Je ponce et renonce à changer le vinyle. Cherry est notre tendresse estivale hein mes chéries ? (SA)

Wreck & Reference - Indifferent River Romance End

J'ai le nez bouché depuis 300 jours exactement. Quarante trois semaines moins un jour. Je m'en souviens, on s'était baigné dans une rivière, je n'avais pas bien séché en dépit du beau temps, c'était le mois de novembre le plus brillant de ma courte existence. Mon nez siffle quand je respire, on dirait un hopital psychiatrique installé à moins de 800 mètres de chez moi. Il est 22h28 et j'ouvre le livre d'Anders Petersen, au hasard. L'image ne me plaisant guère, je tourne les pages en faisant la nique à la chance, en faisait fi de la patience. Un homme dort le jean ouvert. Un chien dort dans ses bras. On dirait que tous deux sont ivres morts. Une copine m'interrompt et m'aspire des clichés romantiques, je réponds à ses devinettes que je donne ma langue à sa chatte. Je suis un pervers qu'on enfermerait si dieu existait. Je mangerais gratos. Je calcule l'argent que je dépense chaque jour pour manger, c'est quand même grave. Moi aussi j'ai été un bébé recouvert de liquide bizarre dégoulinant. Maintenant je suis un homme qui s'émerveille en écoutant le futur du métal hanter son salon. Je suis pas mieux que vous, je mange des gateaux à la crême. Je grave des messages d'amour à des filles inconnues à travers les vitres des transports publics qui m'emmênent ailleurs. Je suis le garçon qui vous regarde imperturbable jusqu'à ce que vous sortiez votre sourire le plus morbide. Vous êtes belles et je cherche encore la signification. (CL)

Ces albums ont été chroniqués par Charly Lazer, Steiger Amandine et Shani Thélémaque

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