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Elle vient de Montréal et elle a déjà écrit les chansons d'amour de demain.

Han Han : Puisque c'est l'heure du petit déj, quel serait le réveil de tes rêves?

 

Xarah Dion : J’aimerais me réveiller sur la rive d’une mer houleuse, où le soleil est ardent et l’air est dense du parfum d’algues et de végétaux.

 

 

Han Han : Ton truc c'est les chansons d'amour du futur ou je me trompe?

 

Xarah Dion : Les mots se présentent souvent dans un état d'esprit second. Parfois comme un demi-sommeil qui s'apparente au rêve, parfois lors d'une phase quelque peu maniaque où le fantasme s’impose devant moi, obscurcissant ma pensée. Je parle d'amour et du métier de vivre, de la torpeur immobile à l’aventure oblique. Quelle est la limite entre le passé qui n’est plus, et le futur qui n’est pas encore? Je suis nostalgique de mes rêves déchus. Je suis romantique mais sans espoir. Il n’y a que poésie, mes semblables et nos effusions aléatoires.

 

 

Han Han : Comment en arrive t'on à chanter en Français dans une ville aussi cosmopolite, et polyglotte, que Montréal?

 

Xarah Dion : Je suis bilingue depuis ma petite enfance. Si j'utilise le français dans ma création, c'est de l'ordre d'une nécessité, d’une volonté intime qui se déploie souvent spontanément.

 

 

Han Han : A quel artiste aimerais-tu faire un gros hug là maintenant?

 

Xarah Dion : David Lafrance qui est un peintre d’exception. J’aimerais croire que sa capacité à repeindre le monde influence ma création. Du moins, son travail me touche, me fascine et me propulse dans des considérations esthétiques et critiques.

Entrevue le 10 mai à Lille lors de son concert

Photographie spontanée par Mattias Launois

Han Han : En concert c'est assez cool de te regarder ne faire qu'un avec tes machines, et notamment tes synthétiseurs. Le synthétiseur est un instrument que les gens trouvent parfois froid car bon c'est juste un gros bloc de fiches électroniques, et toi tu sembles l'aimer comme certains guitaristes aiment leur guitare. Entretiens-tu une relation particulière avec tes instruments, sont-ils très importants dans ta vie?

 

Xarah Dion : Les instruments sont essentiels dans ma création. Je pourrais transposer les harmonies, les mélodies et les rythmes sur un orgue ou encore Ableton mais le résultat serait fondamentalement différent car tout proviendrait du même instrument. Utiliser une variété de machines est plus exaltant car il y a constamment le risque de l’exécution en temps réel. J’ai choisi mes synthés pour leur prix démocratique mais aussi pour leurs timbres et leur capacité à interagir par signal CV. Je tourne avec mes instruments et même mon Juno-6 car pour moi il serait cruel d’avoir affiné un son d’ensemble pour ensuite faire de la substitution ou encore faire du sampling.

 

 

Han Han : Pour rester dans le câlin qui unit, tu sembles beaucoup aimer la vie à Montréal, à quel point y es-tu attachée?

 

Xarah Dion : Montréal c’est K.O. Je suis attachée à ceux que j’aime. J'ai récemment découvert la Médiathèque Littéraire Gaëtan Dostie qui se trouve au centre ville de Montréal au 1214 de la Montagne. On y retrouve des milliers de documents relatifs à la révolution tranquille dont un exemplaire original du Manifeste du Refus Global. 

 

 

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