Nuit Colombienne
C'est la nuit. Tout est calme. Je vais bientôt partir. Le coeur lourd, je rejoins ma chambre, m'allonge sur le lit et ferme les yeux. Impossible de dormir. Je sens que la pluie approche, forte et lourde, comme on en voit seulement sous les tropiques. Le vent fait chanter les feuilles de palmier et le réverbère balaye les ombres sur le mur. Le coeur lourd. Il fait nuit et la lumière est étrange, presque mystique. Tout est orange. Les nuages enfin se percent et laissent éclater la pluie.  C'est une averse d'été, de vacances, de celles qui font resurgir en vous des choses profondes et oubliées. Quelque chose d'animal. Celles qui sont comme un baume. Libératrices. Je prends une photo pour me rappeler la pluie, la solitude, l'odeur et le bruit des gouttes sur les immenses feuilles qui viennent chatouiller ma fenêtre. Et naturellement, je deviens mon propre objet. Pas de pudeur, je sens que l'eau, la lumière et la mélancolie m'ont remplis d'une sève qui me rend désirable. Il est 4heures du matin, j'ai la nuit pour moi toute seule. Je ne me touche pas, je laisse juste le vent me caresser la peau et la lumière jouer sur mon corps.
Je partirai comme je suis venue, comme une éclaboussure, qui finira par sécher, mais je garderai en moi cette sève et le souvenir de la pluie en Colombie.