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9 ans après sa découverte, 20 ans après sa mort, je vous raconte ce que Charles m’a appris sur le sexe

   Pensez un peu à tous les petits vieux que vous croisez tous les jours. Charles aurait eu 94 ans cet été, il est d’ailleurs décédé en 94. Je préviens, cet article n’aura rien de parfait, je ne suis pas un expert de l’œuvre du Chinaski, mais ce mec m’a énormément touché, perturbé et même étrangement influencé en me prenant par le bras comme une vieille folle perdue dans la vie pour me raconter ses sordides histoires, parfois à mourir de rire, ses conneries, comme quoi la littérature c’est pas une sale conne brune coupée au carré qui te prend de haut en te disant que tu n’écris pas bien et qui n’arrive même pas à te donner envie de lire Le Procès. J’aurais pu pendre les livres au bout d’une corde, au lieu de quoi je les ai enfin ouverts, post bac. Enfin pas tous, mais mes deux yeux oui et Le Procès grâce à toi. Tout ça pour dire qu’il y aura des incertitudes dans ce que vous avez commencé à lire, je vous en suis reconnaissant alors je vous mets en garde. Ces incertitudes ne seront que le reflet de mes passions pour toi bonhomme boursoufflé, rien de plus.

 

   Aucune adolescente, à ma connaissance, n’a voulu se donner la mort le jour où ce bon vieux dégueulasse est devenue raide comme du bambou. J’étais dans mon bain quand, je ne sais par quel hasard, ma maman m’a dit qu’une fille s’était justement flinguée après que M. Cobain l’ait au préalable fait. Le grunge contre la littérature, était-ce vrai ? Un peu comme Elliot Smith, en moins loveur, Charles Bukowski n’a sûrement jamais vraiment voulu être une star du coup je replonge aujourd’hui dans ce bain, j’étais un pauvre gosse, pas encore prêt à le connaitre, mais Bukowski lui nous regardait déjà du haut de son nuage, moi et mon petit asticot prépubère flottant dans l’eau. Il se marrait sûrement, ou alors il était bougon. Je crois pas qu’il m’aurait aimé. Il m’aurait traité de petite merde. A chaque fois que je rencontre des mecs qui semblent avoir l’aura alcoolisé qu’aurait peut-être eu Bukowski si je l’avais rencontré, je me dis que ces mecs me détestent, qu’ils veulent me buter, et je me sens pas bien du tout, mal à l’aise je me barre. Ca m’est aussi arrivé d’avoir ce malaise avec des écrits chiants de Bukowski, car y’en a.

 

   Ce qui est attachant, et je crois que je l’avais compris de prime abord, dans l’œuvre que nous a laissé Bukowski durant ses décennies de loyaux services, c’est qu’il est un mec comme nous. Il a juste eu la chance, bonne ou mauvaise, de vivre dans une époque bizarre où les marginaux ne devenaient pas stars, certes c’est pareil maintenant, mais surtout où le sexe n’était pas aussi bien accepté. Il y a aussi que les putes coûtaient moins cher, c’est ce qu’on peut imaginer avec ses passes à 2dollars, peut-être étaient-elles moins demandées, mais il ne fallait pas être si obsédé que ça pour y avoir recours, je pense. Juste être dans la norme de ceux qui refusent d’être frustrés, autrement dit tout être humain d’aujourd’hui, occidental, qui a de puissants désirs mais ne sait pas toujours bien comment les satisfaire. A l’époque, je pense notamment que les femmes avaient beaucoup moins de libertés, surtout quant à l'accès à la sexualité, je parle de l’après-guerre, le rock’n roll n’avait pas encore fait ses ravages dans la morale judéo-chrétienne, pourtant femmes et hommes avaient le feu au cul, les femmes et les hommes ont toujours eu le feu au cul, Bukowski l’avait compris, et même s’il semblait écrire pour lui, il a toujours eu soif d’être publié et y a toujours cru, c’est qu’il avait compris qu’il n’était pas si marginal que ça. Peut-être.

 

C'est grâce à ce genre d'Hommes qu'on finit par trouver ce qu'on aime, cette chose qui finit par nous tuer en souriant.

Faire l'amour dans le soleil, dans le soleil du matin

dans une chambre d'hôtel
au-dessus de la ruelle

où de pauvres hères fouillent les poubelles  à la

   recherche de bouteilles ;

faire l'amour dans le soleil
faire l'amour à côté d'un tapis plus rouge que le sang,

faire l'amour pendant que les garçons vendent des

   journaux

et des Cadillac,

faire l'amour à côté d'une photo de Paris
et d'un paquet de Chesterfield ouvert

faire l'amour pendant que d'autres hommes - les

   imbéciles -

travaillent.
 

Cet instant - ce...

peut durer des heures à leur manière de mesurer le

   temps,
mais ce n'est qu'une phrase dans un coin de mon

   esprit -

il y a tant de jours
où la vie s'arrête et s'installe
puis attend comme un train sur les rails.

Je suis passé devant l'hôtel à 8 heures
et à 5 heures ; il y a des chats dans les ruelles

et des bouteilles et des clochards,
et je lève les yeux vers la fenêtre en pensant,
Je ne sais plus où tu es,

et je poursuis mon chemin en me demandant où

va la vie
quand elle s'arrête.


 

Charles Bukowski

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