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On Se Fait Un Movie

L'initiation sexuelle et amoureuse vue par nos contributeurs

Killer Joe choisi par Amandine S.

Killer Joe est à regarder en marcel noir et culotte rose délavée sous cette chaleur d’été. En mangeant des fraises, je suis tombée amoureuse de Dottie, la petite sœur qui sert de caution au tueur engagé. Engagé par le grand-frère délinquant mais attachant et leur con de père pour tuer la mère indigne. Totalement déraisonnable et glauque, la sensualité de Dottie et son sourire beau-à-mourir crée de la douce tension autour d’une violente comédie noire signée William Friedkin.

La Discrète choisi par Farouk A.

Antoine, écrivain, sur le point de rompre avec sa femme, Solange, se voit devancé par cette dernière qui le quitte pour un autre homme. Son éditeur, apprenant la nouvelle, l’enjoint à se venger de Solange et des femmes en général en lui proposant d’en choisir une, s’en faire aimer, la quitter. Et d’en faire un nouveau roman. Quelle place accorder au réel dans la fiction. La littérature peut-elle faire fi de la morale. Peut-on contrôler nos passions. L’homme n’est pas omniscient. Pimentez tout ça de Schubert et de Luchini.

L’Eden et Après choisi par Charly L.

Pierre, feuille, ciseaux. La formidable insouciance d’un groupe d’amis, d’étudiants, des petits cons en somme, prêts à tout pour grandir. Grandir c’est tout expérimenter, n’est-il pas ? Je voudrais leur dire que non. Mais je reste bouche bée devant cette photographie, et cette lumière blanche écarlate. C’est neuf ? Non c’est lavé avec Mir Laine. Là où la poésie naïve chasse le macabre, l’absurde prend un bain entouré de bougies. La lumière éclaire, même les imbéciles.

Naissance Des Pieuvres choisi par Camille K.

A toutes celles qui regardent les autres en maillot de bain au fond d'un vestiaire, il se pourrait que vous tombiez bientot amoureuses... Avez vous deja eprouvé une grande fascination pour quelqu'un? Au point de plus rien comprendre au monde environnant? Est-ce l'amour, est-ce le désir? La vie? C'est de ce genre d'initiation dont il est question dans La Naissance des Pieuvres. Au fond, il ne s'agit pas tant de désir sexuel que d'amour entre deux adolescentes, mais du sentiment puissant, presque inexplicable que l'on a tous déjà vécu. Tu me fascines, et je pourrais te regarder, t'embrasser, pendant des heures.

La Vie D'Adèle choisi par Dimitri V.

Je sors du Fresnoy, viens de voir le film dans son entier, version palmée. Et soudainement, moi qui ne faisait que de la figuration dans une galerie lors d’un vernissage, je deviens, à y regarder autrement, figurant dans un film de porno soft, gay lesbien, à moins que ce ne soit de l’érotico osé, pour heure de grande écoute, brouillant l’écoute émoussée du spectateur par l’apparition oups d’un sexe masculin, bandé, non coupé, au montage, furtif, et de cunnilingus, eux, aux longueurs inhabituelles… le cinéaste semblant délaisser l’ellipse habituelle, comme par trop hypnotisé par le plaisir voyeur dans lequel il se trouve. Et son interdit, pour lui. Distant. Mais présent, là sous ses yeux, sous prétexte de cinéma. Dans cette scène construite par lui et dont il jouit. Voyeur et metteur en scène. Coupez !

 

Reste à savoir si la façon dont il filme ça, avec un détachement presque complet, proche du plan fixe, ( dans mon souvenir), usant d’un montage minimal, (« monter ? », là il monte à peine… ) le tout donnant l’impression picturale trouvée dans une de ses peintures orientales ou exotiques, de scène de bains, ou le peintre, osé osé osant, se laissait aller à peindre des naïades sortant du bain (ça se vendra mieux qu’un paysage avec une maison et une vache dans le pré), des beautés exotiques (étrangères dans leurs pratiques) à peine vêtues d’un linge… le tout donnant une image, distante, froide, construite, d’une chair entrevue, alourdie d’un décorum presque pensé pour justifier la peinture même du corps (origine du monde) et souligner par l’exotique, le lointain, de ce corps que l’on voudrait sans doute plus proche.

Sur l’écran, là, il n’en restait que ça, une image de corps féminins s’entrelaçant, pourtant lointains, vus, presque trop, de l’extérieur, comme dirait Gainsbourg. Et dans cette distance, justement, sans désir s’écoulant, retenu, l’image n’accède qu’à son statut d’image, ne s’ouvrant pas sur la possibilité d’une ouverture, d’une percée du désir, la sensation d’une île, d’un corps. A portée de main. Là, l’écran lui-même fait écran. Et n’est que ça.

 

A moins que l’image ne soit issue d’une façon de voir, de filmer, me paraissant un peu obsolète (s’il fallait tirer un trait et une chronologie dans mon parcours et l’appliquer à une culture commune), une image issue d’une culture qui se serait arrêtée au Mépris de Godart, aux courbes de Bardot. Y ajoutant, un érotisme saphique filmé sans ellipse. Lointain. Distant. Désuet.

 

Cliché.

Scarlet Diva choisi par Sophie Anna Demarcq

C’est le journal intime teinté de romantisme noir qu’a tenu Asia Argento dans les années 90 (le côté obscur des années 90). Réalisatrice et actrice de ce docu-fiction, elle en a fait ce qu’elle est, un truc crade et sauvage, parfois maladroit, avec des cauchemars, des trips, des images. Mais elle est aussi petite chose, lorsqu’elle se glisse hors de sa robe argentée pour dévoiler l’ange qui surgit de son entrejambe buissonnière. Asia peut aussi tomber amoureuse si on lui a bien fait l’amour.

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