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ELLE est dans le train, commande un café au wagon bar, reçoit un texto de LUI.

 

ELLE :Vous me faites rougir et je dois me rasseoir.

 

LUI :Couvrez ces joues que je ne saurais voir:

Par de pareils objets les âmes sont blessées,

Et cela fait venir de coupables pensées.

 

ELLE :C'est vrai... Serrez ma haire avec ma discipline,

Et priez que toujours le ciel vous illumine.

 

LUI :Mais ce n'est pas m'aider , hélas, cruelle beauté

Que de me demander votre haire à serrer.

Je me languis de vous, belle et noble personne

Ici sur mon ordi à Lille de la tentación.

 

ELLE :Bravo, quelle éloquence, j'en suis toute ébaubie

Et goûte mieux vos mots encor que l'aïoli (de ce midi)

 

LUI :Tels les doigts égarés d'une main baladeuse

Se frayant un chemin sur votre peau laiteuse,

Effleurant votre sein et glissant par le ventre

Jusqu'à votre couffin pour se faufiler entre.

 

ELLE a des fourmis dans les fesses.

 

ELLE :On se sent a ces vers jusques au fond de l'âme

Couler je ne sais quoi qui fait que l'on se pâme.

 

LUI :Vos mots font croître en moi la luxure et l'envie.

Je me sens à l'étroit dans mon petit habit.

 

IL s'habille toujours avec des vêtements très ajustés, ELLE aime ça.

 

ELLE :Monsieur vous m'échauffez, et votre fantaisie,

De mon impatience redouble l'hystérie.

Le désir en mon sein fait battre tout le sang,

Et je ne puis ainsi demeurer plus longtemps.

Je ne vois que vos mains, cette perche tendue

Et brûle de plus n'être qu'une figue fendue.

 

ELLE est très excitée mais elle est assise dans un carré et doit se contenir. Le train entre en gare.

 

LUI :Comme vous y allez! Et êtes talentueuse!

Mais ne faites qu'empirer ces pensées pernicieuses.

Calmez là ces hardeurs que je ne puis combler

Et pour lesquelles je brûle de vous savoir trempée.

Je me vois au chevet de votre corps transi,

Tous les sens aux aguets, l'entrejambe raidi.

Mes bras sont deux amants vous étreignant le dos,

Et ma langue un serpent dansant sur votre peau.

Je vous espère libre, moi qui ne le suis pas,

Sans travail pour demain ou texte à mettre bas.

 

ELLE lit tendrement ce vers au pied de trop. ELLE entre chez elle, pose son énorme valise et sourit en voyant sa jolie chambre, pensant que 2013 sera, effectivement, l'année de la baise.

 

ELLE :Fort heureusement non, mon train est arrivé,

Pour mon ravissement, mon fardeau déchargé,

Je suis à la maison, et peux tout à loisir,

Dans mes draps de Jouy me donner du plaisir.

 

ELLE se blottit dans ce lit douillet qu'elle est heureuse de retrouver après deux semaines. ELLE a retiré son slim et apprécie cette sensation de libération. Elle glisse sa main le long de son ventre et commence à jouer avec les poils de son pubis. ELLE est déjà mouillée, ELLE le sait, mais a envie de faire durer le plaisir. ELLE frotte ses grandes lèvres l'une contre l'autre en pensant à ses bras, ces deux amants qu'il lui a promis. De sa main gauche, ELLE attrape son sein droit, se fabricant ainsi une gorge comme au temps de Molière. ELLE revoit cette image d'enfance d'un couple dans la paille, la dame avait un très beau décolleté, et aujourd'hui, c'est ELLE cette dame. ELLE sent comme un appel entre ses jambes. De son majeur, ELLE inonde toute sa fente et se dirige droit vers son « petit point ». ELLE soupire, s'excite de s'entendre gémir. ELLE repense à son expression « petit couffin » et jouit en criant très fort. IL lui a renvoyé un message qu'ELLE a gardé pour plus tard, se sentant déjà au comble de l'excitation.

 

LUI :Alors prenez bien note avant de vous lancer

A ce jeu solitaire où je ne suis convié.

Je prendrai en premier, par de simples baisers

Vos cheveux, vos paupières, puis votre bouche bée.

Je descendrai plus bas, là où le cou se tord,

Enlacerais vos bras, et puis tout votre corps.

Me collant bien à vous à dessein de sentir

Et le sang et le pouls dans vos membres frémir.

Je ferai de mes mains deux petits cavaliers

Parcourant vos deux seins puis votre corps entier.

Chaque doigt vous ferait petites politesses,

Ma bouche les suivrait, et ce jusqu'à vos fesses

Puis tenant de mes mains votre dos bien cambré

J'embrasserai vos cuisses et vos lèvres mouillées.

Remontant de ma bouche votre ventre suintant,

Narguant votre calice de mon sexe impatient,

Ne pouvant plus attendre et vous sentant rougir,

Je m'y introduirai pour enfin y mourir.

 

ELLE a bien fait de ne le lire qu'après, voilà un nouveau souffle... ELLE l'imagine dans son dos, la pénétrant doucement, pendant qu'elle se touche encore.

 

ELLE :Il faut qu'on vous ait dit les pratiques que j'aime

Et vous semblez savoir encor mieux que moi même.

Chaque mot, chaque image, avec délectation

Me plonge dans l'espoir de la détonation.

Sachez bien qu'en pensée, je le dis sur ma vie,

De ce jeu délicieux, vous gagnez la partie.

Et rallumant des feux alors trop mal éteints

Vous faites revenir le désir dans mes reins.

 

ELLE jouit encore, un peu moins fort cette fois.

 

LUI :Chaque vers me frictionne, tout petit assassin.

Dieu que vous êtes bonne, à ces alexandrins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                 Paris-Nice Didascalies par Anne Freches

                                          illustré par Te Belafone

 

 

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