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Rencontre du 7ème Type

 

                                       nouvelle sex-fi

   Le cosmonaute avait quitté l'épave de son vaisseau depuis trois jours, avec ses toutes dernières provisions dans un container dorsal. Heureusement l'atmosphère de la planète inconnue où il s'était échoué était respirable. Sans cela, ses maigres réserves d'oxygène ne l'auraient pas maintenu en vie très longtemps.

 

   Ayant ôté le casque de son scaphandre, il était à la recherche d'un lieu lui offrant un quelconque moyen de subsistance, eau, végétation, gibier... C'était son seul espoir de survie, son système de transmission ayant été détruit lors du crash. Mais, alors qu'il avait arpenté des kilomètres et des kilomètres de zone rocailleuse de couleur orange aux reflets dorés, il n'avait pas aperçu un seul être vivant, que ce soit végétal ou animal, et pas même une flaque d'un quelconque liquide. Heureusement, la planète se trouvait dans une zone tempérée du système et le soleil turquoise qui perçait le ciel jaune de sa lueur douce était clément avec lui.

 

   Soudain, un son brisa cette solitude et mit tous ses sens en alerte. C'était comme une sorte de chant dont la tessiture rappelait une voix humaine, qui plus est, une voix féminine. Son rythme cardiaque s'accélérant, il s'empressa de chercher l'origine de cette litanie angélique, oubliant la fatigue et se fiant du mieux qu'il put à son ouïe. Il escalada la pente accidentée d'une colline verte et marbrée de pourpre, du sommet duquel semblait venir la voix. Arrivé à son but, il fut stupéfait par une vision incroyable. Au centre d'un plateau circulaire, se dressait la tête d'une femme enfoncée jusqu'aux épaules dans le sol. Il comprit immédiatement qu'elle était la source de cet appel sonore. Il accourut vers elle, la pensant en danger dans un quelconque sable mouvant, mais le sol autour d'elle était bien solide. Il essaya de la sortir du sol mais elle y était ancrée tenacement, comme si elle ne faisait qu'un avec celui-ci.

 

   Quand il commença à attarder son regard sur son visage, il fut frappé par sa beauté étrange, par son teint pâle et légèrement violacé, par ses yeux aux pupilles rouges iridescentes qui fixaient le vide. De couleur rouge également, ses cheveux fins et soyeux tombaient élégamment jusqu'au sol. Sa bouche s'était arrêtée d'émettre des sons et il remarqua à quel point ses lèvres diaphanes étaient pulpeuses, telles la chair gonflée et translucide d'un agrume de teinte violette. Hébété et ne la quittant plus du regard, il ne put s'empêcher de lui toucher le visage et lui caresser les lèvres, c'est alors qu'une langue de la même texture pulpeuse sortit délicatement et lui lécha le bout des doigts. Surpris et fasciné à la fois, il ne résista pas à la tentation d'introduire un index dans cette bouche qui se mit à le lui sucer langoureusement. Bien qu'il ne voyait pas son corps, la vision de cette bouche charnue et habile ornant un visage aux traits gracieux suffit à faire monter en lui un désir exacerbé par des mois de solitude dans l'espace. Il se mit à genoux devant la femme-tête, ouvrit la fermeture hermétique de sa combinaison et sortit son sexe, déjà complètement turgescent.

 

   En réponse à ce stimulus, le regard toujours figé et la posture parfaitement droite, la femme-tête sortit complètement la langue de sa bouche entre-ouverte, comme attendant qu'on y dépose quelque chose. Il ne put résister longtemps à y poser son gland, autour duquel la langue commença à faire de petits mouvements, alternant rotations et translations en tous sens. N'en pouvant plus, il saisit alors la tête de ses deux mains et pénétra entièrement la bouche qui lui était offerte. A l'intérieur, la verge du Terrien ne rencontrait rien de dur, ni dents ni palais, tout n'était que chair moelleuse, frémissante et ondulante, l'enserrant par de légers mouvements, tantôt doux, tantôt fermes. Alors que la tête restait toujours impassiblement rigide, il sentit d'un coup une telle force de succion que son appareil génital tout entier fût happé par la bouche, testicules y compris. Jamais de sa vie on ne lui avait fait une telle gâterie et il pouvait bien mourir le lendemain, ça lui était égal tant il se régalait de cet instant. Sentant son gland gonfler au fond de cette gorge, il ne put se retenir bien longtemps de déverser sa semence dans l'œsophage extraterrestre. Il ressentit une telle jouissance qu'il en ferma les yeux pendant de longues secondes, à la limite de l'évanouissement. Les genoux chancelants et ivre de plaisir, il sentit soudain quelque chose agripper ses deux chevilles. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se vit encerclé d'une multitude de tentacules. Avant même qu'il ait le temps de mettre la main sur son pistolet désintégrateur, il partit à la renverse et se retrouva les pieds en l'air et la tête au dessus d'un vide béant et pestilentiel. Puis les tentacules lâchèrent prise pour le faire choir dans ce puits organique, qui se referma aussitôt sur lui dans un concert de gargouillis.

 

   Tout redevint calme sur le plateau. D'un revers de langue, la femme-tête essuya une coulée blanche sur son menton puis reprit sa pose immobile, attendant le prochain visiteur égaré. Elle l'attendrait comme ça pendant des siècles. Et quelque serait son espèce ou son sexe, elle saurait adapter ses traits et sa morphologie pour éveiller son désir.

 

   La nuit tombait enfin. Au loin, un orifice rejeta un scaphandre sur un tas d'ossements. Toujours avec le même air vide et inexpressif, le visage fixait les étoiles.


 

Une nouvelle de François Harzak

Une photo de Mathieu Drouet

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