Sexe, Vérités et Vidéo
Cliff Chan nous dit tout sur ses expériences vidéo/fringue
C’est ma toute première vidéo de collection. Le cadre a été choisi par la styliste, Palmyre Leleu, qui voulait exposer une jeunesse huppée, quelque peu désabusée. Tout ça dans un esprit hérité du « grunge », ce qui va jusque dans la façon de traiter la matière et le textile. Le pantalon « trop long » par exemple est conçu pour que l’on marche dessus, qu’il s’use, qu’il s’adapte à la personne et à ses formes. Il y a même du tissu brulé, assemblé à des pièces plus carrées et bien taillées.
UNMASTERED c’est quelque chose de pas fini - ici volontairement - qui est brut. L'attitude punk va jusque dans la réalisation de cette vidéo. On est arrivés, on avait aucun plan en tête, on ne savait pas ce qu’on allait tourner. On s’est adapté au décor, on a allumé des fumigènes, sauté dans la piscine, bref on se sentait les rois du monde, on faisait ce qu’on voulait. Les filles qui portent ces vêtements font ce qu’elles veulent, ce sont des jeunes femmes indépendantes, il fallait que ça transparaisse dans la vidéo.
Dans ma photographie on trouve souvent des personnages féminins. Pour moi la sensualité de la femme a quelque chose de mystique, de presque transcendant et supérieur. Même la symbolique d’une femme a quelque chose de captivant. Je ne dis pas que cette image ne se résume qu’à ça, mais chez moi elle provoque toujours quelque chose de particulier. Ensuite j’aime jouer sur l’idée de la Nature comme allégorie sexuelle. Je trouve que les fleurs sont chargées de sens. La fleur qui revient souvent. Symbole phallique mais très féminin à la fois, le pouvoir envoûtant de son parfum, de son pistil t’invite toi le spectateur ensorcelé à te laisser aller.
Pour Don't Wanna Grow, la situation est légèrement différente. Avec la styliste Auriane Ducrocq, on a réservé une chambre d’hôtel. Auriane l’a transformée en chambre d’adolescente, aussi kitsch et bling bling qu'il est possible de faire. L’ambiance est innocente, faussement innocente. Quand on m’a expliqué le projet j’ai directement pensé à une photo de Nadja Auermann par Helmut Newton. Je ne sais pas pourquoi, sûrement parce qu’il y a toute cette tension hyper ambiguë qui règne dans cette photographie. Là c’était pareil, il fallait faire ressentir une tension car ça a beau être une chambre d’ado, c’est une jeune femme qui y vit et qui a peut-être grandi trop vite, dont le comportement oscille entre des comportements excessifs, immatures et des actes assumés. Nous voulions retranscrire l'atmosphère lascive d'une fille lasse qui rêve dans sa piaule de ses idoles. Les néons, j'adore les néons, participent à cette impression de boudoir.
Propos recueillis par Charly Lazer
