Je me suis levé avec une noix de cajou dans la gorge. Je me revois m'arracher la glotte pour connaitre la provenance de ce mal qui m'étreint jusque dans la mort factice où j'ai coutume de me perdre le dimanche. Ô pauvre de moi! Je suis bleu, la peur, la mer, la planète terre. Pour une fois, il n'y a personne, personne d'intéressant dans cette rame pourrie. Pas même une fille un peu mignonne à mater timidement tout en, au fond de ma tête qui n'en a pas l'air, la baisant; la léchant; la giflant; la sodomie n'étant pas un péché imaginaire mais religieux. N'empêche que ce non-divertissement me file la nausée. C'est jamais sympa et j'hésite à faire demi-tour, mais me trouvant déjà sur l'escalator je baisse les bras. La nausée me donne toujours l'impression de laisser ma vie s'échapper, et je suis plus un esclave qu'observateur. Je m'assieds, me logue, me branche, me touche la bite, dis bonjour à mon  boss, me mouche, me touche la bite sans faire exprès en plongeant le mouchoir dans ma poche, je clicke, j'écoute mon boss discuter avec sa meuf au téléphone, j'ai envie de foutre le camp, je malaxe mon ventre, me découvre une tumeur, dis à ma voisine que je suis hypochondriaque mais elle est en ligne avec un client, je me touche encore, appuie, j'ai mal, de jeunes gens se présentent pour des entretiens, ça recrute, je m'applique, j'émerge, j'ai mal à la gorge, mal de ventre, j'ai la nausée, je me retourne, je vois cette fille en jupe noire tailleur sexy talons cuisses coupées en deux érotique, je prends une taffe d'oxygène, je me retourne encore. Ça c'est un coup de fouet. La noix de cajou a fondu, la beauté ardente de cette fille a agi comme du napalm sur tous les microbes du monde, il ne reste plus rien sauf l'amour, pur et dur, l'insatiable besoin de connaissance. Ses cheveux châtain clair m'ont dit adieu une demi-heure plus tard lorsque la porte s'est ouverte et qu'elle a serré la main du boss. Elle a emporté mes maux matinaux au paradis.