Si le bonheur n'est pas en face de toi, il est à Wastelands
La gare la plus proche du site est amusante, un océan de vélos, tous parkés là. Avec Aurélien, on est paumés, on sait pas où aller, on est un peu à l'arrache, on voit 3 filles, comme je les trouve mignonnes je leur demande si elles vont à Wastelands, elles me disent que oui, avec un sourire, en Anglais accent néerlandais, et nous indiquent le chemin. Comme c'est pas clair, on les suit, c'est bizarre, mais finalement elles ne marchent pas si lentement que ça. On les regarde de loin, on a une démarche lascive.
Docks ensoleillés, petite scène extérieure entourée de tapis comme dans le salon de ma maison quand j'étais enfant. J'ai envie de marcher vers le ciel bleu azur infiniment doux avec ma peau. Communions nous balancent au visage leurs mélopées acides, ou amers. Les scandinaves, fait avéré, ont tendance à bouder leur plaisir. Ils intériorisent peut-être. Je me sens attendri par l'air qui s'engouffre dans mes pantalons et qui me caresse le sexe, je crois que je capitule comme n'importe quel lover alentour. Puis je passe la barrière rouge à la recherche de volupté.
Dan Bodan de chez DFA nous attend dans cette formidable salle toute noire, pas très loin d'un totem télévisuel sur lequel trônent Scully et Mulder. On est comme dans une maison-jouet. C'est sûrement le message. Se sentir comme chez soi. Je me dis que je finirai peut-être nu. Il y a de la magie. Des nombrils à l'air comme des troisième œil.
Tous les amis sont là, on est contents, on se câline. Des djs arrivent comme ça, l'air de rien, et nous balancent pépite sur pépite comme si on était des chercheurs d'or morts de faim. On danse dans leur dos comme des voleurs malicieux. On pique les pas de nos voisins, on les met dans nos cœurs, et on tourne autour. C'est une incantation. On appelle les grands mages. Ceux qui peuvent nous rendre amoureux pendant quelques dizaines de minutes et s'en aller un sourire pendu aux lèvres, une bouteille de vin dans l'autre main. Jaakko Eino Kalevi, la lumière tombe et se propage.
On traîne, on discute, on essaie de manger, on nous avait promis de la bonne bouffe, finalement c'est épuisé, on a quand même deux plâtrées de nachos pour le prix d'une, alors on se plaint pas trop avec Steiger. En plus c'est bientôt son anniversaire, je lui ai payé la place. Alors on laisse le temps se moquer et avancer comme un patron, le front haut, les d'ssous d'bras suintant le travail. On se dit qu'on est bien, en buvant des sodas, à glander comme des français. La nuit tombe, nos yeux se ferment bien vite. Je nous ramène.
Co-organisé par un magazine généreux qui propage la bonne parole en offrant toute l'année un paquet de places pour des concerts excitants et des expos décalées, Subbacultcha, ainsi que par l'atelier d'artistes qui l'héberge, O19, Wastelands est un festival qui me fait croire en l'avenir. Il reste en ce bas monde de petites têtes curieuses.
Han Han : Qu'est-ce qui vous rend heureux ?
Sjoerd : En fait je déteste le Monde. Enfin non pas le Monde. Plutôt le système. Enfin la façon merdique avec laquelle tout fonctionne. J'ai pas envie d'en faire partie, ça me rend très déprimé toutes ces rues pleines de magasins et tous ces gens hystériques. Ce qui me rend le plus heureux c'est quand je me rends à des fêtes comme ici, et que j'entre en contact avec des inconnus. Tu peux avoir de chouettes conversations et te connecter à un certain niveau, un niveau assez difficile à décrire. Tu parles d'un truc et soudain la conversation commence. C'est finalement le seul truc qui me rend heureux.
Maxime : J'imagine que c'est sortir avec mes amis. Je crois que c'est la réponse la plus simple pour moi là maintenant.
Han Han : Qu'est ce qui vous rend heureux ?
Laura : Lorsque les autres m'enseignent des choses, ouais lorsque les gens savent plus de choses que moi.
La sirène d'un véhicule d'urgence résonne pas loin
Callum : Quand les flics crèvent !
Han Han : Qu'est ce qui vous rend heureux ?
Jaakko : Le bonheur me rend heureux.
Molly : Moi aussi !
