Han Han : ATP est mort, vive Hog Hog!

MB : La fin de ATP semblait inéluctable depuis plusieurs années et c'est triste. J'aimais beaucoup ce festival mais les dettes accumulées ont eu raison de ce projet pourtant incroyable.

Nous sommes bien placés pour connaître la dure réalité des chiffres. Cette édition nous coûte très cher mais nous sommes heureux et déterminés.

Puisse Hog Hog se remettre sur pied financièrement afin de relancer la machine, nous y travaillons d'arrache pied depuis le 23 Septembre dernier.

 

Han Han : C'est très paradoxal. Heart Of Glass, Heart Of Gold répond à un réel besoin de base du fan de musique indépendante d'être considéré, de vivre des expériences uniques, de nature itou. Pourtant ce même fan reste à éduquer. Comment on fait?

MB : Plus qu'à éduquer, je pense surtout que le fan en question reste à informer qu'un tel événement existe, en tout cas qu'il a existé, et existera peut-être à nouveau l'an prochain et que cela dépend en partie de ce fameux fan.

Le fan conscient mais hésitant reste à convaincre pour mettre ses envies et convictions en action.

Le fan conquis reste à rendre à nouveau heureux, et pourquoi pas à devenir acteur du festival.

 

Han Han : Et s'il y'avait une image de cette première édition que tu pouvais enfermer dans une boîte?

MB : Il s'agit d'une situation à laquelle j'ai assisté de manière récurrente durant le weekend. Je veux parler de l'acte d'amour.

Il a pris diverses formes et l'image que je retiens est celle de gens qui se sourient, se prennent par l'épaule, se prennent dans les bras et s'enlacent, s'embrassent, qu'ils soient amis, amoureux ou  inconnus, c'était fou et ça m'a rendu très heureux.

 

Han Han : Votre initiative pourrait donner l'exemple en France. Vous vous en fichez de la concurrence hein?

MB : Nous ne souhaitons ni ouvrir une voie, ni nous frotter à qui que ce soit.

Ce que nous souhaitons faire, c'est faire que le festival dont nous rêvons existe, c'est faire que tout le monde vive avec intensité, empathie et joie le temps d'un weekend de concerts imparables, en vivant des situations parfois hors du commun, et ce le plus naturellement du monde.

 

Han Han : La passion semble être le moteur. Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait monter un festival éthique, authentique et surtout cool?

MB : Pour les 2 premiers points, éthique et authentique, cela commence certainement par essayer de s'appliquer ces principes à soi-même.

Il s'agit d'abord de respecter l'humain, de ne pas se mentir à soi-même et accueillir la diversité.

Par exemple, nous avons souhaité intégrer des personnes de tout âge (dont des parents, oncles et tantes qui étaient demandeurs!) à notre organisation pour que le public se confronte à eux, et réciproquement, et que tout le monde se rende compte de nos valeurs communes avant nos différences.

A mon sens, pour élargir le panel il faudrait accorder plus de place aux enfants aussi.

Pour la partie cool, cela ne se décrète pas, ce sont les festivaliers et toutes les parties en présence qui en décident par leurs actions et par leur être.

De notre côté, il s'agit peut-être de travailler beaucoup, en particulier d'aspirer à une organisation sans faille, qui du coup laisse le champ totalement ouvert à la spontanéité des festivaliers, des artistes, des bénévoles, mais aussi à la nôtre en tant qu'organisateurs.

Sean Nicholas Savage en concert au bord de la piscine, ce n'était pas prévu tel quel, c'est Sean qui a choisi l'emplacement exact, on lui a fait confiance.

Camera au milieu des bungalows du Pop Up Market, c'est une idée que Jean-Marie a eue d'un coup au petit matin, il a lancé l'affaire dans la foulée, c'était une décision spontanée et cool.

 

Han Han : Question passion encore, quels sont vos crush sentimentaux du moment?

MB : Sur le plan musical, j'écoute beaucoup les albums Willis Earl Beal, Cate le Bon et Jenny Wilson en ce moment.

Au cinéma, j'ai récemment vu Albama Monroe, ce film m'a sacrément remué. La Bluegrass et le groupe The Broken Circle Breakdown n'y sont pas étrangers. Une musique parfois optimiste, mais surtout profonde et puissante.

 

Question bonus par Fabien (ci-contre) : A quand la seconde édition?.

MB : Je ne peux malheureusement pas y répondre actuellement. Nous avons de nombreux obstacles à surmonter, nous nous réorganisons, nous consolidons les comptes, nous nous projetons et nos intentions sont claires. Nous voulons recommencer, et quelque part nous y travaillons déjà mais nous ne pourrons vraiment nous prononcer que fin Janvier environ.