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Beaux Baisers d'Istanbul

Le ciel était nuageux. Sur le ferry, le vent fouettait leurs visages et leurs cheveux décoiffés s’emmêlaient rageusement. Pourtant, ils avaient tous deux l’humeur légère des beaux jours. Il s’avança sur le pont et se mit à lancer des miettes aux mouettes qui virevoltaient en masse autour du bateau. Ils riaient très fort tels deux enfants nourrissant les canards du jardin public. Elle regardait tantôt les becs béants des oiseaux, tantôt la mine amusée de son amoureux, attendrie. Lorsqu’il pressa ses mains autour d’elle, il lui sembla qu’elle ne pourrait attendre la traversée pour rejoindre l’hôtel et embrasser fougueusement celui qu’elle avait attendue toutes ces semaines. Maintes fois elle avait imaginé ce corps lourd l’entourant, cette peau de miel. Son corps à elle semblait vide et inanimé sans lui, sans ce désir. Mais il fallait attendre encore un peu et masquer leur excitation évidente aux groupes de travailleurs regagnant l’hyper centre depuis Kadiköy. A mesure qu’ils approchaient du port, l’odeur de poisson frais se faisait sentir ainsi que l’agitation de la ville. Au premier plan, les vendeurs et leurs étales autour desquelles la foule s’agglutinait frénétiquement. A quelques mètres de là, les fidèles grimpaient les escaliers de l’imposante mosquée à l’approche de la prière. Les échos de l’appel leur parvenaient jusque sur le pont. Et toujours son corps dur contre le sien. Leurs rires et leurs gestes maladroits. Enfin la descente du bateau. Au cœur de la métropole grouillante, son regard croisa le sien et la tension dans son bas ventre s’intensifia un peu plus. « Bienvenue à Istanbul » souffla-t-il.

 

Une histoire de Marion Duboquet

Un collage de Charly Lazer

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