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C.O.Q.1

 

   « Pour répondre à la demande croissante de sex-toys toujours plus audacieux, et grâce aux toutes dernières innovations technologiques de nos laboratoires, qui bénéficient du savoir-faire de nos brillants ingénieurs en robotique, je suis heureux de vous annoncer que notre groupe sera très bientôt en mesure de commercialiser un nouveau modèle d’androïde mâle issu de cinq années de recherches. Baptisé « C.O.Q. 1 », il sera muni d’une webcam dans chaque œil afin que, mesdames, vous puissiez visionner à l’infini l’instant de la jouissance entre ses bras. Son sexe en silicone extensible monté sur vérin hydraulique, directement moulé sur la verge de Rocco et ses frères, vous promet des orgasmes à répétition, et sachez qu’au creux de son nombril un petit allume-cigare a été installé pour vous offrir un moment de détente en fumant une cigarette après l’amour. De plus, notez que l’engagement de nos techniciens, qui ont fait franchir un cap à la science en matière de nanotechnologie, nous permet de vous garantir, dès la mise sur le marché, la présence d’un pseudo-liquide séminal dans les testicules de l’androïde, propulsé par une pompe à air directement dans le fond du vagin, gorgé de nanorobots d’à peine quelques micromètres afin de remplacer les spermatozoïdes : les nanites ainsi éjectées pourront repérer et anéantir directement, au comble de votre plaisir, les métastases des cellules malades de votre cancer du col de l’utérus. »

 

   Les ventes du nouveau produit furent vertigineuses et le P.-D.G. du groupe « Lubrix » se frottait les mains, en palpant les dollars d’une façon que certains jugeaient obscène, les androïdes se vendaient comme des petits pains, le « C.O.Q.1 » était devenu la poule aux œufs d’or, la société productrice fut vite cotée en Bourse, ce qui fit rire bien des messieurs qui disaient qu’elle était surtout « cotée en burnes », le succès était au rendez-vous. Les ménagères excitées par l’offre alléchante du sex-toy à proportion humaine — enfin un compagnon qui avait du sexe à piles, car il rechargeait ses batteries sur du 220 volts — s’offraient le luxe, en mettant un peu de piquant dans leur libido, de joindre l’utile à l’agréable, luttant avec succès, par l’action des nanites, contre leur tumeur dévorante. Madame Tong elle-même, déjà ravie de voir la réussite fulgurante de « Lubrix », entreprise made in China qui lui rappelait fièrement ses origines, voulut profiter du « Coquin », ainsi qu’il fut vite rebaptisé, afin, tout en s’envoyant en l’air avec délice, comme bien des utilisatrices du prototype, de mettre un terme au cancer qui rongeait son endomètre.

 

   Il se murmure en outre qu’il a été constaté, suite à un rapport expressément commandité par le Ministère de la Santé, que les nanorobots logés dans les testicules de l’androïde ont permis de combattre efficacement, jusqu’à une presque totale rémission, tous les cancers de la prostate.

 

Texte de Patrick Boutin

Illustration de Olivier Texier

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