Han Han : Depuis le début du magazine, on apprécie ta façon de peindre les amours déviantes et le fêtichisme de façon toute personnelle, où vas-tu chercher tes idées? Et en particulier celles visibles dans le clip que tu as récemment réalisé pour Irène Drésel? L'omniprésence des fleurs, ces couteaux, ces filles en jupe, ces mains qui glissent...

 

Flokim : Pour répondre à ta question, cet extrait du Jardin des Supplices d'Octave Mirbeau :

"Au pied d'un de ces gibets, fleuri comme une colonne de terrasselo, un tourmenteur, assis, sa trousse entre les jambes, nettoyait de fins instruments d'acier avec des chiffons de soie; sa robe était couverte d'éclaboussures de sang; ses mains semblaient gantées de rouge. Autour de lui, comme autour d'une charogne, bourdonnaient et tourbillonnaient des essaims de mouches... Mais dans ce milieu de fleurs et de parfums, cela n'était ni répugnant, ni terrible. On eût dit, sur sa robe, une pluie de pétales tombés d'un cognassier voisin... Il avait, d'ailleurs, un ventre pacifique et débonnaire... Son visage, au repos, exprimait de la bohnomie, de la jovialité même; la jovialité d'un chirurgien qui vient de réussir une opération difficile... Comme nous passions près de lui, il leva ses yeux vers nous, et nous salua poliment."

 

Quasiment toutes mes références sont des lieux communs.

L'éclosion des fleurs, les caresses, les diamants, la mer scintillante, ce sont des clichés pour jeunes filles.

Je voulais mettre en lumière ce côté midinette avec ce quelque chose de plus inquiétant et pervers, voire morbide, dont recèle toute forme de beauté.