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Entrevue

avec

Alizé Meurisse, écrivaine de Neverdays

Comment la vie pourrait-elle être plus ingénieuse qu'un roman? - Alizé Meurisse

Han Han : Dans Neverdays, il est essentiellement question d'apparence mensongère, est-ce que le progrès technologique est un leurre ?

 

Alizé Meurisse : Je ne suis absolument pas qualifiée pour parler de progrès technologiques, mis à part de manière hypothétique, sous forme de fiction / science-fiction... Le « leurre » pose la question d’une vérité, d’une réalité dont la technologie nous détournerait... La méditation se passe de technologie.  Je pense effectivement que la technologie peut nous éloigner de nous-même, nous diluer, en nous faisant vivre dans un monde d’apparences. Mais c’est un cliché de le dire…  La technologie n'est qu'un outil. C'est le système dans lequel nous vivons qu'il faut questionner. 

 

Han Han : On imagine fréquemment que l'omniprésence de la technologie garantit la transparence et la vérité, mais est-ce qu'on ne se ment pas ?

 

Alizé Meurisse : On est sans doute plus facile à traquer. Mais pour ce qui est de la transparence…

 

Han Han : Autre sujet dans ton roman : la sexualité. Elle est légère, assez anodine, le narrateur est un obsédé très décomplexé. On a des images assez amusantes notamment au début du roman, je me souviens de phrases chocs, « avoir des couilles en or et éjaculer des paillettes », mais parler de sexe dans ce roman est-ce autre chose qu'un moyen de nous rendre compte du pathétique de ce personnage perdu entre l'homme moderne fantasmé et le machiste prétentieux ?

 

Alizé Meurisse : C’était une manière d’incarner le « regard masculin » (male gaze) qui est le mètre étalon d’une société patriarcale.

 

Han Han : Est-ce que tu as déjà rêvé de te glisser dans le corps d'un homme?

 

Alizé Meurisse : Non. J'ai longtemps cru que j’étais misogyne, parce que je n’aimais pas la place qui était réservée aux femmes, je n’aimais pas être une femme et tout ce que cela implique. Et c’était une souffrance. Après écrire (et particulièrement à la première personne du singulier), c’est toujours un exercice d’empathie. Peu importe le personnage.

Sea horses, une vidéo d'Alizé Meurisse 

Han Han : Utiliser ce personnage-narrateur masculin a t'il été une façon de bousculer le distinguo fait trop systématiquement entre hommes et femmes ?

 

Alizé Meurisse : Je pense que c’était une manière de parler de l’importance accordée aux apparences et des mécanismes d’oppressions qui en découlent, en se plaçant d’abord dans la peau de quelqu’un qui n’appartient à aucune minorité : l’homme blanc hétéro. (Riche et beau, en plus).

 

Han Han : Avant de lire Neverdays, j'ai entendu quelques informations importantes à son sujet et ça m'a fait penser à Antiviral, film de Brandon Cronenberg, le fils du père, sorti la même année, qui aborde la problématique en l'inversant puisque ce sont ici des anonymes qui communient avec les célébrités en s'injectant leurs virus. Quelles ont été tes influences lors de l'écriture de ce roman ?

 

Alizé Meurisse : Je suis baignée de pop culture, mais je ne pourrais pas mettre le doigt sur des influences précises.

Han Han : J'ai vu que tu faisais bien d'autres choses qu'écrire, d'où la jolie couverture de ton Roman. Je suppose qu'elle est de toi. Peux-tu nous en parler ?

 

Alizé Meurisse : C’est une photo que j’ai prise dans le métro avec mon iPhone ! Des affiches déchirées. J’étais en train d’écrire ce live. C’était parfait.

 

Han Han : Outre tes 3 livres parus chez Allia, tu as aussi autopublié plusieurs petits ouvrages mêlant photographies, peinture et poésie, est-ce crucial pour toi de matérialiser et de sortir ce que tu fais ? Et quelle est la place d'internet dans ce processus ?

 

Alizé Meurisse : Oui c’est très important. Je poste aussi sur Facebook ou Instagram. L’écriture et le dessin sont des occupations très solitaires. Alors oui, ça fait du bien de pouvoir partager.

 

Han Han : Quand le 14ème numéro de Han han sera sorti, tu viendras d'avoir 30 ans, comment imagines-tu la prochaine décennie ?  

 

Alizé Meurisse : Je n’en ai aucune idée. J’espère qu'elle sera paisible, sereine... mais tout de même surprenante.

Pour en savoir plus sur Alizé Meurisse clicke là-dessous!

www.alizemeurisse.com

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