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HOMEMADE CROCHET BIKINIS

                                                                      Charly Lazer rencontre Nina, la créatrice de DSÜET

 

Han Han : "DSÜET", forcément ça sonne un peu vieillot, le bikini fait au crochet c'est nouveau. C'était ça ton idée, aller plus loin que le vintage, faire du neuf avec quelque chose d'un peu ancestral? D'ailleurs je viens de voir que des femmes portaient des espèces de bikinis à l'antiquité en Sicile...

Nina : Si tu n'avais pas mentionné cette donnée, je t'aurais répondu que «ancestral» était un peu extrême vu que le bikini, même si notre génération a baigné dedans (et avec), ça fait quand-même pas si longtemps.. 1946! Mais là, on a la preuve que c'est bien une antiquité ce vêtement! Donc les bikinis, qui plus est en crochet c'est doublement à l'ancienne car la technique crochet on sait pas exactement quand ni où elle est apparue en premier, la Chine, le Perou, l'Egypte ? Mais ça fait un bail aussi!
En fait, j'adore le has-been!

Han Han : Peux-tu nous décrire ton parcours dans le textile? Aussi loin que tu t'en souviennes tu as toujours aimé les fringues? Gardes-tu des souvenirs d'enfance liés à ça?


Nina : Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours prise de délire avec les fils en tout genre, même celui du combiné téléphonique. Entre les colliers de perles, le macramé, depuis que mes doigts ont pu faire des mouvements précis, j'ai créé. Le plus vieux souvenir c'est avec ma grand-mère, elle avait un énorme tapis à fabriquer avec des morceaux de laine, il restait constamment sur la table du salon, à chaque fois que j'y allais je m'asseyais devant pendant une heure ou deux, pour contribuer à la confection du tapis. C'est méditatif. Je pense qu'on a mis... 3 ans haha !

Parcours textile zéro, ma première révélation fut la visite du musée de la tapisserie et du tissage, subjuguée par les ouvrages textiles sud-Américains, africains et Asiatiques. Je suis autodidacte dans le crochet, merci internet, et j'ai choisi cette technique car elle est très intuitive. C'est arrivé lors d'un voyage itinérant il y a 7 ans. Ce voyage c'était les découvertes, les hyper-émotions, la vie tournée vers l'extérieur, bouillonnante, les gens… Et mon côté solitaire, celui vers lequel je me tourne pour créer, se vit délaissé les premiers mois, faute de jamais être posée! C'est en voyant une fille tricoter, assise par terre à côté de son camion, elle était belle, elle m'a inspirée... J'ai assez vite bifurqué vers le bikini haha ! Je voulais pas faire des bonnets et des écharpes, je cherchais quelque chose d'inhabituel, c'est mon penchant pour le sexy qui a pris le dessus! Je m'inspire des 60's, qui marquent une période de rupture, d'émancipation de la femme, de libération corporelle et mon intérêt s'étale jusqu'à leur univers musical psychédélique et philosophique.

Des souvenirs de vêtements dans mon enfance ? J'adorais ça, j'aimais avoir un look extravagant, je cherchais clairement à me démarquer. Par contre j'avais pas vraiment une quantité de vêtements, la priorité de mes parents était les voyages, pas les fringues, ça pousse à l'imagination. Je me souviens avoir créé la plupart de mes déguisements, ma mère m'apprenait à coudre et à être très indépendante.

Han Han : Tu te souviens du jour où tu as eu l'idée DSÜET? T'étais dans quel genre de mood? Combien de pièces as-tu déjà créé? T'as une idée de là où tu aimerais que ça te mène, des objectifs? As-tu rencontré des difficultés et quelles furent les solutions?


Nina : Le projet DSÜET est parti d'un désir de vouloir montrer, assumer toutes les créations que j'avais faites depuis des lustres et laissé cachées dans des tiroirs. Même si DSÜET ne montre que des Bikinis, le projet porte aussi derrière lui toute l'expérimentation, la persévérance et la passion pour arriver aux créations que je fais maintenant. La création de la page DSÜET a marqué une ouverture de moi-même, de partage avec l'extérieur, se dire que ça peut aussi plaire à d'autres.

Des pièces j'ai déjà du en confectionner quoi… 40 ? 50 ? Sachant qu'un bikini haut et bas me prend +- 20h à 25h selon la difficulté, tu comprends qu'il en faut de la patience ! Mais c'est tellement plaisant de porter ton propre vêtement, commencer par un fil, sans forme et terminer par un bikini c'est magique !

On m'a souvent demandé pourquoi je dessinais pas les modèles pour les faire fabriquer en Chine. Hum. Si j'en arrivais à avoir tellement de commandes que je ne peux plus dormir, je m'associerais avec une coopérative de femmes en Inde ou au Bangladesh, pourquoi pas. Mais c'est surtout que je préfère faire des pièces uniques et déléguer n'est pas le but puisque j'aime crocheter et me stimuler avec de nouveaux défis ! Les défis c'est aussi réussir à faire aux filles le modèle qui leur va au top, qu'elle se sentent bien dedans, en prenant leurs mesures, en cachant ce qu'elle veulent cacher, en mettant en valeur ce qu'elles aiment chez elles. Ce n'est pas un projet qui est pensé rentable, je le fais par passion, d'une manière ambitieuse et perfectionniste pour aller toujours plus loin toujours à l'affût de nouveaux modèles, de nouveaux points... Oui, je te jure, le crochet c'est stimulant ! 
J'aimerais avoir plus de temps et par la suite créer des costumes de scène, de vidéos, des masques, en mélangeant les matières… C'est l'avenir que je me/lui souhaite en tout cas !

Mmmmh... La plus grande difficulté dans l'artisanat c'est faire face à des multinationales qui eux, au contraire, vont déléguer et exportent des produits très beaux et très bons marché. Mais ce n'est ni artisanal, ni solide, faut faire un choix. Aussi, comme tout le monde commande en même temps, les créations disparaissent aussitôt qu'elles sont terminées, ce qui m'empêche de prendre le temps de faire des séances photos plus poussées. Je vais y travailler.
 

Han Han : Dans la vie tu regardes la façon de s'habiller des gens? La mode à Bruxelles c'est comment?

 

Nina : La mode à Bruxelles... La mode ? Alerte ! Alerte ! Sujet polémique ! Haha ! J'ai un petit mépris pour la mode. Elle s'insinue dans tes goûts, te fait consommer, jeter... Je ne passe que par les frip' et les dons de vêtements dans les squats et lieux alternatifs, donc je prends souvent ce que le destin m'offre, et franchement, il tombe toujours à pic!

 

Han Han : Je te l'ai déjà demandé, mais il faut que tu fasses des maillots pour hommes. Y penses-tu? Et si oui comment envisages-tu ça? D'ailleurs quel est ton avis sur la mode homme? Tu trouves pas ça naze? Tu veux pas nous aider?
 

Nina :Hahaha ! Tu as l'air désespéré de la mode hommes ! Moi Je suis POUR le retour à la mode sixties, venez vous faire tricoter le short les gars! Certes je pourrais le faire, mais quand il s'agit de s'y mettre, c'est plutôt eux qui se défilent ! Et je comprends, le crochet c'est une technique travaillée, dentellée, qui ramène à une féminité, un art du détail. Les hommes choisissent - je fais une généralité mais les exceptions à celle-ci ont été rares - des vêtements : confortables, pratiques, simples. Du coup.. Vois la différence avec un short en crochet complètement rétro haha ! Il faudrait des hommes.. audacieux.. ! En tout cas, pour l'instant je me concentre sur les modèles féminins, on verra par la suite !

 

Han Han : Pour finir peux-tu nous dire quel est pour toi la tenue la plus sexy?


Nina : Pour un homme la tenue la plus sexy ? Mais le kilt.. bien sûr ! En cuir ! Avec quelques perles ! Et le porte-jarretelles par dessous.. Tu sais bien !
Merci HAN HAN
Du love, toujours ! 

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