top of page

Nouveaux meilleurs amis

Wild Nothing – Nocturne

J’avais besoin de la douceur d’un verre de jus d’orange plein de pulpe et du nouveau disque de fin d’été de Wild Nothing. Il est à la musique rêveuse ce qu’est la pluie au macadam sec. Je suis dans ma salle de bains, une main dans l’ouverture de mon caleçon à carreaux qui a perdu son bouton et l’autre qui gigote devant mes lèvres en dentifrice. Oh ! Ce chat noir me regarde encore. Il était déjà là hier quand j’ai ouvert le store de la chambre. Il me fout les jetons avec ses grands yeux jaune pisse qui brillent. Je vais aux toilettes en entonnant l’air de This Chain Won’t Break car c’est le meilleur titre pour le meilleur moment de la nuit. Je pousse un petit cri en même temps que la dernière goutte. Ca la réveille. Je me sers un gros bol de céréales au chocolat. Le lait est déjà tout marron, j’adore ça. Debout, la tête en arrière, je bois je mange je danse. Je fais la vaisselle, je l’entends derrière moi, qui s’approche, elle me prend les fesses à pleine main. Sa bouche pur jus me mordille, me susurre, là, au creux de l’oreille, dans une fréquence qu’on a toujours été les seuls à entendre. « On retourne se coucher? » CL

Tresors – Missionnaires
Dès le premier track les enfants Trésors me viole les oreilles à la Polanski, sauf qu’ici c’est consciemment jouissif et je n’irais pas me plaindre à la police dans 30 ans. D’autant plus qu’après le coït, je ne débande pas car le gros tube, Alright Heavy Fuck, suit et je suis fou de joie devant la montagne de vaisselle en slip kangourou. Adieu petite muerte, je danse, secoue ma zgoug, je suis bien un garçon vivant. La mousse c’est une infinité de petites bulles et j’en mets partout, jusque dans la baignoire où je me plonge et m’offre un moment relax pour… Je ne sais plus. J’ai oublié. Faut-il justifier la fainéantise pour cesser de culpabiliser la procrastination ? Le plaisir du Relax c’est justement le moment où l'on a une single chance d'échapper aux contraintes du corps. C’est comme quand on rentre d’un rencard charmant, que l'on ouvre la porte en regardant le ciel et que la pleine lune nous sonde l’âme. Lui baver le bonheur dans un monologue sous le réverbère. Ou alors c’est comme passer une nuit cauchemardesque. D’où viennent ces mauvais rêves ? Sont-ils vraiment en moi ? On se réveille moite comme un rouleau de printemps dans la couette, on voudrait avoir une chance de fuir la prison sous notre peau, et que cette fille nous laisse goûter à son fruit défendu, une seule fois, en missionnaire. Bander dans l’eau. CL

Avec l’aimable participation d’Eve Tyler

The History Of Colour Tv – Emerald Cures Chic Ills

Ésotérique comme un bain chaud en hiver, glacé comme une glace italienne au dernier jour de l’été. En convoquant souvenirs et projections dans le futur, ce groupe s’impose comme mon groupe de la nuit pour cet automne. Les nuits qui font froid dans le dos mais aussi celles où j’ai trop envie qu’elle soit là avec moi, et de me raccrocher à quelque chose. Je me suspends aux lèvres du chanteur comme si c’était la branche d’un arbre nu qui m’égratigne les mains mais c’est rien à côté de la tempête qui fait rage dans mon cœur pendant Suddenlines. Ce morceau qui me replonge dans les fumées malsaines de Mysterious Skin, un des plus beaux films. Et plus j’avance dans ce tunnel mystérieux, et plus je m’enlise comme Artax dans mes vaseux désirs. Je ferme les yeux,  je suis un satellite en perdition, je les rouvre, je suis l’ombre de moi-même. Ce disque est le dernier truc à croire en moi avec ma maman. Pourtant au début, comme avec ma maman, je n’ai pas fait l’effort de comprendre. Ce disque est une vraie consécration. C’est comme quand on se rend compte qu’on voudrait dire à sa maman qu’on l’aime mais on est dans un pays lointain. Tant pis on le dit, tant pis si elle ne l’entend pas. Et on se sent tellement bien. CL

Holy Other – Held

Assis dans les vapeurs de mon salon en cuir, avec le dernier disque d’Holy Other, je ne pense plus qu’à elle. Inconnue blonde aux fesses délirantes. J’en ai de ces obsessions, et la fatigue de fin de nuit rejoint le soleil levant, ils se croisent, se saluent bien chaleureusement, puis je m’effondre nu comme un ver dans mes draps de poussière. Autre vapeur, étage supérieur, pont inférieur de l’âme. Cette fille est encore là, enfin son ombre, et elle me fait plus mal encore. Plus je ressasse ses fesses galbées comme une pastèque, ou comme un ballon de basket, plus mon cerveau se brouille et je n’arrive plus à voir. Les stimulus se bousculent à la porte, et le cadre n’est guère plus large qu’une serrure. Où est passée la clé de mes émotions? Sa façon peu scrupuleuse de se mouvoir, de se laisser faire lorsque le garçon lui serre les fesses comme pour faire entrer davantage son pantalon à l’intérieur. J’ai envie de mettre un film traditionnel, je n’arrive pas. C’est tellement bizarre, cette nuit au Magazine Club. J’ai perdu mon âme et plus jamais je ne la trouverai. Je rampe vers la sortie. CL

Birds In Row - You, Me and the Violence (2012)

Tellier chantait en 2008 "l'amour & la violence", un hymne à la baise génialement surjoué et qui tourne encore sur les Ipods des étudiantes en école de commerce qu’on a tous draguées un jour ou l'autre. Les Birds in row, trio français à l’esprit sombre, reviennent en cette rentrée, et dans un tout autre genre, avec "You, Me and the violence", un album contenant le chaos, la tendresse, et un tas de choses joliment animales. Il mériterait lui aussi sa place dans ta sex-playlist, mais il ne faut pas que madame aie peur du noir.

 Quand j'ai découvert Birds In Row, qui tournent d'arrache-pied en Europe depuis plusieurs années, je m'étais dit "tiens, un groupe français de post-hardcore... qui va nous resservir du Cult Of Luna avec du Neurosis dedans... Je dois avouer que j’ai pris une sévère leçon, et que ces garçons feraient ravaler sa salive à n’importe quel petit élitiste screamo élevé à l’Amanda Woodward. Car oui... Birds In Row jouent dans la cour des grands ; tout en haut du panier qu’ils sont.

L’album a été produit en Enflours (Enfer + Velours). La dynamique des chansons est chevaleresque ; ça monte, ça descend, ça remonte, ça redescend. Coïtal. Une enculade de 35 minutes. Sans lub’. Last Last Chance, piste 6, illustre bien la chose ; des petits sursauts d'amour ; un sens aigü de la mélodie noire, de la mélodie criarde mais émouvante... Il y a des caresses dans ce disque. Oui, ne t’arrête pas Cécile. On embraye sans amour avec le titre éponyme You, Me, And The violence, résolvant l'équation : (PURE VIOLENCE + MAITRISE DU CHAOS) = (COUP DE MAÎTRE)². Angélique prend cher sur ce titre. Elle dit stop avec un petit air essoufflé. Ses joues sont pourpres. Comme après la gym. Tout Pareil.

D’autres petites perles comme Cages, ou encore The Illusionist (et ses passages métal noir) viendront ravir tes ébats avec tout ce qu’il faut de fougue, de violence, de larmes, ou tout simplement d’amour. Alors si tu es violence mais que tu es tendresse, ou si, comme moi, tu baises en demi-teinte, alors mec, -meuf, tu tiens l’album de l’année. NC

Death Grips – No Love Deep Web

Aujourd’hui, 15 février 2013, je crois bien que le dernier jour de notre belle petite planète bleu érotique est venu. Je rentre du ciné, et c’est comme si Bruce Willis avait bu ma cervelle à la paille et que mon corps s’en trouvait allégé autant que mon esprit critique. Je suis comme une bouteille d’Orangina vide. J’ai une forme à la coule, mais tout autour de ma carapace est à flinguer. Cette fille avait une si grosse bouche, un appareil dentaire et une grosse langue. Je voulais juste m’enfuir, mais ce n’était pas encore mon arrêt et je mâchais mon chewing-gum imaginaire en la regardant. Les océans se sont vidés et la pluie qui arrose ma barbe, mes cheveux gras et mon torse tatoué est un personnage qui hurle à une fille que la fin est proche et qu’on ferait mieux de tous se sucer tant qu’il est encore temps. Je tape un message à la noisette que je drague en ce moment, mais un jet d’eau venant des cieux emporte mon gsm, et je reste là comme un crétin foireux qui chiale sauf que j’ai la rage au ventre. Les égouts refoulent de rats morts et de peaux de bananes, il y’a quelques parapluies volants, mes cheveux font la tornade et des insectes s’y accrochent. Castelbajac, t’es un vieux con, ce soir c’est pas Lille Aux Trésors, cette expression pue du cul d’ailleurs, c’est Lille Flottante et j’espère bien qu’il n’y aura pas de survivants. Finalement le niveau de l’eau passe de mes chevilles à ma nuque en un rien de temps, je nage dix minutes sans but, et puis je me laisse couler. CL

Jens Lekman – I Know What Love Isn’t

Certains disques agacent, un peu comme lorsqu’une fille super énervante dans une soirée se met à passer ses doigts dans nos cheveux. On se retient de lui en mettre une. On s’évertue à rester gentil, mais qu’est-ce qu’on a envie de taper le rythme de la musique qui passe sur son petit visage dégueu. Cet album de Jens Lekman ne fait pas tout à fait partie de ces disques-là, distinction résidant dans le fait qu’on l’assimile suivant la situation. Autour d’un verre dans un bar, il n’aura pas le même goût que dérangé par son propriétaire un bel après-midi maudit où rien n’a plus de sens que se caresser la nouille. Je ne rigole pas, le proprio est passé me faire signer de la paperasse, et j’ai omis de baisser le volume. Au bout d’un quart d’heure, je me suis dit que c’était n’importe quoi. J’avais l’impression de me balader avec le pantalon au niveau des genoux et que Sissy L’impératrice me flagellait les couilles.  J’aurais voulu prendre un verre d’eau pour les y plonger, et oublier quel genre d’homme je suis. Hédoniste, timide, manipulable, fan de Jens. Tout y est passé, tout va bien se passer. La morale de toute cette merde, j’ai bu un peu d’alcool, c’est que je vous conseille d’écouter ce disque quand vous n’aurez rien à reprocher à personne.   CL

Alpine – A Is For Alpine

Cette canicule, on l’attendait, en plein hiver austral. Maintenant elle nous pourchasse et on a plus envie de grimper sur une montagne pour se rafraîchir le haut du crâne que de rôtir au jardin des plantes. C’est dur de se plaindre de la grisaille ambiante et de ne pas profiter de l’auguste été quand il est là, s’enfermer pour écouter des disques et regarder des photos érotiques. C’est rigolo de penser qu’un disque tourne probablement sur les deux hémisphère en même temps. Comme si aux antipodes, nous avons des indigènes déprimés et de l’autre des connards qui suintent le monoï. Ce disque peut-il faire le lien entre la nature et l’idiotie des tendances actuelles ? Je n’ai pas dit que ce disque était dénué de sens. Au contraire, parler d’amour à notre époque, sans s’appeler Benoit XVI ou Jean Luc Mélenchon (RIP), c’est forcément de bon augure. Ça vous arrive aussi, à vous, de penser à quelqu’un en vous demandant ce qu’il porte aujourd’hui ? Je me fiche de son état, si elle va bien ça ne compte pas, je veux juste savoir ce qu’elle a bien pu décider d’enfiler ce matin. Toutes ces voix de filles me montent à la tête, et je m’époumone encore un peu car je sais que ce groupe va vite cartonner et sera chroniqué plus rapidement par Les Inrocks (ils vont publier ça plus vite que nous, mais je suis le vrai découvreur français du groupe. Je vous jure!). Ces voix féériques, ces mélodies manipulatrices de désirs me donnent envie de caresser les cheveux de n’importe quelle fille en petite culotte qui aura une voix un peu aigue, et si je me mets à t’étrangler, ne le prends pas mal, c’est que je me sens bien avec toi. CL

bottom of page