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Musique pour regarder les oiseaux chanter

 
 
Still Corners – Strange Pleasures
 
Jette-moi dans les yeux ton regard de panthère. Le morceau commence, et ta voix de crécelle appelle ses yeux félins qui ralentissent mon rythme cardiaque. Le rythme de la batterie. Restée sous toi, dans des draps bordeaux et gris souris, me faire mordiller les épaules, épaules, épaules. Elle répète un mot qui me donne envie d’arrêter ce bruit. Le battement de ma carotide. Mes ébats amoureux laissent sur ma nuque une contraction qui m’empêche de lever ma tête vers le ciel. J’aspire à ton côté bestial comme j’aspire entre tes cuisses. Tu te joues de moi avec ta langue sur ma bouche, attise mon désir et attire mes espérances. C’est les coins l’espoir. J’ai envie de toi comme de deux. Ta femme, ton homme, j’ai envie de toi autrement qu’encore. Tu vois dans mes pupilles comme on voit dans de la cire de bougie. Ça donne envie de palper, de sentir la fumée, de se bruler. La cire ça reste collée sur les doigts et dans les ongles. Mes ongles à moi, je les enfonce dans la peau moelleuse de ton dos. Je le ferai des millions de milles. Etre amoureux à Berlin. Je suis partie, demain, garde moi bien ton regard de félin. SA
 

The Knife – Shaking The Habitual

Un pauvre type mince comme un couteau, les cheveux courts qui piquent, est passé à tabac par un groupe de boys en manque sentimental. La plupart ont perdu un parent dans un car crash mais tant pis pas de pitié. Ils l’ont démonté, il s’est relevé et ils l’ont démonté. Endormi dans le caniveau, le sang a continué de couler de sa bouche pendant sept minutes. Il s’est réveillé dans un lit qui n’était pas le sien. Son nez aquilin devenu champignon de Paris s’enfonce dans un coussin qui sent bon le shampooing. Une fille est assise au bout du lit.                                                                                            

 Un pauvre type maigre comme un clou, les cheveux ras, est passé à la tv. Il faisait beau, il faisait chaud, Il portait les yeux rouges, triste comme un loukoum. Il faisait froid et il pleuvait, il est monté sur un pont. Il a sauté et plongé comme un couteau tout au fond. Mais dans sa bouche ne reste qu’un goût âcre et une fille est assise au bout du lit.               En plus d’être bienveillant, ce nouveau The Knife nous dit d’aller au bout de nos rêves avant qu’il soit trop tard, qu’on meurt jeune ou qu’on se retrouve hébergé par une fille bienveillante et fan de The Knife. CL

 

Heterotic – Love & Devotion

Ecouter ce disque, c’est comme pleurer sous la douche en pensant à cette fille qu’on ne veut plus jamais revoir car elle nous a fait trop de mal, trop longtemps, et toutes celles qu’on verra sans vraiment le vouloir à qui on en fera, brutalement mais un court instant. Ce disque n’est pas LA fille, ce n’est pas ce que je veux dire, il est soi et ses sentiments au moment précis où la première larme tombe sur la joue et disparait dans le tourbillon de la bonde. De beaux sentiments qu’on réserve au tout à l’égout mais qu’on préférerait chanter tel un orgue dans la ville. Appuyer sur une touche puis une seconde, et ainsi de suite jusqu’à ce que la dissonance brille autant que le corps constelle. Si la bienséance le permettait. Et le cor, quel instrument voluptueux. Il n’y a pas de cor dans ce disque d’Heterotic, mais il y’a un chanteur, écrivain de chansons Gravenhurst tout du long, qui nous prouve que cross-over ne rime pas toujours avec Game Over. Et son organe de voix est notre ami comme si c’était une histoire éternelle. Je suis dévoué à cet impossible, l’eau s’obscurcit et court tel un bagnard devant une meute de chiens à dents de requin. CL

Atoms For Peace - Amok

Sensible. Cette autre ville, il t’arrive que des cauchemars ailleurs. Une cicatrice où on t'asperge de citron jaune fluo. Ce disque me rappelle les vagues que mon corps fait quand les médecins m’annoncent les nouvelles. La colère, la peur, la déception. J’ai eu deux jours pour digérer, thom yorke m’y a aidé. Ça pue l’hôpital. Ils ne le montrent pas, mais les gens s’en fichent. Ils ont de jolies blouses et un joli argent. Sur ingenue, je rêve qu’un homme qui m’aime à en crever. Arrive pour danser quelques pas avec moi. Juste avant d’enfiler mon costume de la future opérée. Juste quelques pas, les bras ballants et les hanches bien droites. Certains rythmes balancent mes atomes à moi aussi, et ça rend mon corps tout strident. En fait, je rêve de l’amour qui protège, de l’amour qui envoie mon esprit dans les contraires de la réalité. Ils m’y emmènent. Amok. Amour mourant ô kiwi. Non j'en sais rien, j'ai juste besoin que cet album tourne en rond à mon réveil. SA

Sean Nicholas Savage – Other Life

Dans mon Monde préféré, une espèce de monde parallèle à la Sliders, Sean serait l’idole d’un groupe de dégénérés très sympas et très marrants qui roulent en VLille. Ils posséderaient de vieux fusils, souvenirs des aïeux, les attacheraient avec les mêmes sangles que pour leurs guitares et sillonneraient les rues avec, planqués dans le dos sous leurs hoodies car ils en auraient trop marre de se faire arrêter par « ces enfoirés de flics ne pigent rien » au délire. Ils chausseraient de petites tennis tantôt déchirées mais de très belles paires de chaussettes et s’en foutraient de l’autodéfense. Qu’ils se fassent tabasser en réunion, jamais ils ne pointeraient leurs canons vers une tête d’humain, fusse t’elle celle d’un fils de con. Leur truc à eux ce serait de buter des chiens. Une brigade visant à réguler le développement exponentiel de la jungle canine dans cette ville de merde ; une Histoire de la chasse en somme. Ils auraient de gros casques vissés sur des oreilles poisseuses, écouteraient Sean toute la journée, un d’eux aurait même son visage mal tatoué sur le bide comme si c’était le Christ. Il le montrerait aux filles avant de leur faire l’amour, parait que ça frait un tabac. CL

Team Ghost – Rituals

Plus viscéral, plus violent dans les émotions qu’ils véhiculent, abusent et bousculent allégrement. Je crois que je l’ai attendu pendant si longtemps cet album de Team Ghost, la moitié du M83 originel. Moitié déchue. Chez Han Han, ça a une belle résonnance (Han Han signifie moitié-moitié en Japonais) On ressent une infinie tendresse, même avant d’appuyer sur la flèche qui entre dans le cœur sans détour. On n’est pas ici pour faire la justice, on est là pour la vivre le plus intensément possible. Plus viscéral et plus violent que M83 oui, on ne sait retenir une comparaison qui passe vite fortuite, bien que conscient de tenir là une espèce de French Touch du rêve. J’exagère sûrement, les Français n’ont pas inventé la dream pop, mais ils n’avaient pas du tout inventé la house music non plus. Tant pis c’est pour moi l’album parfait pour dire je t’aime ce printemps. Vous aurez l’impression d’être dans une soucoupe volante, et vous pourrez changer de planète dans le cas où vous vous apercevez que l’être aimé tire désormais une tronche déconfite. Vous savez les rites, faut en passer, sinon on reste là, et on ne fait jamais rien. On se tue juste à petit feu. CL

Pure X - Crawling Up The Stairs

Pure X, Crawling up the stairs. Ramper dans les escaliers, vraiment, ou prendre un escalier vers la galaxie chaude et froide, à la fois, de Pure X. A une lettre près, nous rampions dans les étoiles. Alors je rampe vers eux, je tends la main vers Nate Grace qui chante puis pleure en chantant. Rupture, cœur brisé, vie déchiquetée, langueur et souffle coupé. Lorsque sa voix parvient à moi, je me relève et j'entonne avec lui I Fear What I Feel. Ce nouvel album les éloigne de la tendance lo-fi pour quelque chose de plus propre et fin au fur et à mesure qu'il se déroule. Nate Grace me parle dans l'oreille de solitude, de néant, de tristesse infinie. C'est une pop triste, accompagnée de chœurs mélancoliques. Je veux prendre Nate Grace par la taille et lui dire que tout ira bien. Et l'embrasser longuement. Mais je le laisse. Avec ses ombres trompeuses qui l'entourent. Avec ses deux acolytes au nom de démons, Jesse Jenkins et Austin Youngblood. Ils sont au Texas. Qu'ils continuent d'écrire, là-bas, des chansons au bord du gouffre comme des musiciens condamnés à la tristesse. DM

SA = Steiger Amandine

CL = Charly Lazer

DM =  Do Marshall

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