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Peu Importe le Sens on se retrouve Nu

Rencontre Nuun Records

Un couple un jour créa un label. Cette histoire ressemble à d'autres, néanmoins elle est unique, ce qui est propre à toute histoire. Citez-moi deux histoires réelles ou fictives qui soient strictement identiques et je vous prépare le café chaque matin pendant 2 ans en déposant le diamant avec délicatesse sur votre disque préféré de Sonic Youth. Et le même chiffre revient sans cesse. 2, c'est le nombre des années, à l'instar de notre chaire, que le label a derrière lui. Alors tendons notre main, offrons-la leur, marions les plaisirs!


 

Han Han : J'aime bien la mention "1D" que vous mettez juste après le mot label. Et le double sens qu'il évoque. Pour vous, qu'est-ce qu'un label indé? Et quelle est cette dimension primordiale? Quelles ont été vos sources d'inspiration lors de sa création?

 

Nuun : 1D, très concrètement, c'est d'abord l'indépendance financière. Nous ne cherchons pas à gagner de l'argent, nous n'avons donc rien à perdre. Nous travaillons pour faire exister le label, nous ne comptons pas sur sa réussite pour nous faire vivre. Nous sommes sur ce point parfaitement libres. Il y a bien sûr ensuite toute une histoire sémantique de la désignation “1D”, qui selon les espaces géographiques et symboliques, a reçu des connotations très variées. Un modèle d'indépendance pour nous, proche même d'une certaine forme d'autonomisme, c'est le label Dischord de Ian MacKaye. Nous aimons bien aussi le label américain Important Records ou le label anglais Honest Jons Records par exemple, dont les catalogues respectifs manifestent une ouverture des plus exigeantes. Nuun est né d'un couple et d'un désir de rencontres. Nous aimons dialoguer avec des artistes, le travail de coordination artistique nous passionne. Monter un label c'était aussi très simplement faire les disques que nous voulions écouter.

 

 

Han Han : Ce qui marque forcément de prime abord ce sont vos signatures. De noms assez coolos dans le monde du cinéma que sont Asia Argento ou Bertrand Bonello, à un des cultes de notre patrimoine musical francophone : Arnaud Michniak, et puis des gens un peu malsains qui sortent d'on ne sait où, là je parle d'Orties et Musique Post-Bourgeoise et ça n'engage que moi. Une sacrée diversité en somme. Qu'est-ce qui selon vous les relie toutes et tous? Comment se font les rencontres, comme pour n'importe quel label ou vous avez votre touche maison?

 

Nuun : Nos artistes ont peut-être une particularité commune : celle d'être des francs tireurs. Ils échappent par leurs manières d'intervenir et d'exister dans la musique aux profils habituels. Nous ne savons pas bien à vrai dire comment surviennent les rencontres pour les autres labels. Pour nous, le sentiment d'une certaine affinité ou même d'une forme d'intimité est important. Nous sommes à la recherche de la familière étrangeté. Elle arrive parfois au coeur de la distance. S'il y a une “touche maison”, cela tient peut-être à notre tempérament. Nous gêne souvent le sentiment d'homogénéité forte qu'il peut y avoir à l'intérieur des groupes qui composent les “mondes musicaux” en France. Nous avons tendance à ne pas nous sentir à l'aise dans les bandes.

 

 

Han Han : Vous assumez dans votre sélection une passion visible pour la musique chantée en Français, une chanson française décomplexée qui va là où peu vont, je pense notamment à Circé Deslandes qui plaque l'érotisme en le prenant à bras-le-corps. Est-ce une preuve de courage pour vous que de sortir en France des trucs en langue française dans les années Dix?

 

Nuun : Chanter en français ça veut dire généralement porter le poids d'un héritage mal assumé. Chanter en anglais ça veut ou ça voulait dire au contraire s'inscrire dans d'autres traditions, dans une autre histoire et s'exporter. L'usage de la langue française a été longtemps cantonné à la chanson de variétés. Chanter en Français, c'était être classé dans le rayon le plus sinistré des disquaires. Plusieurs de nos artistes chantent en français, Circé Deslandes mais aussi Michniak, Musique Post-Bourgeoise, Orties. Mais cela n'a rien à voir avec le retour en grâce très chic du français dans l'électro pop sucrée, qui plaît tant aujourd'hui. Une déferlante de yéyés 2.0 est à craindre. Comme Mansfield Tya, Aquaserge, Barbara Carlotti, Léonore Boulanger, ce sont des artistes qui inventent leur langue et leur imagerie à l'intérieur de la langue française. Le français n'est pas pour eux une option possible, une marque ou un paramètre, c'est un choix esthétique, une décision poétique, une respiration.

 

 

Han Han : Je le reconnais, cette question était idiote, mais plus sérieusement quelle seront vos prochaines folies?

Nuun : Nous n'en parlerons pas. Même sous la torture.


 

Interview fin décembre avec Charly Lazer

Circé Deslandes

Asia

 

 

 

 

 

Argento

Jessie                          

 

 

Evans

Musique Post Bourgeoise

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