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REVOLUTION A LA CAPITALE!

Le premier festival du film érotique en France, y parait, c'était cet été.

Han Han : Ca fait trois mois que le festival est passé, on est sûrement les derniers, on n'aime pas trop surfer sur l'actu, ce qui est bien c'est que ça permet de prendre un peu de recul. Et de recevoir pas mal de critiques par la même occasion?

 

Maud (co-organisatrice) : Je viens de vérifier la boite email. Nous n'avons eu pratiquement que des retours positifs. Une journaliste spécialisée dans le sexe a regretté un truc peut-être "trop intello" se disant plus accro "au Booty de J.Lo et aux scènes déchirantes d’émotion de Ryan Gosling". J'ai essayé d'ouvrir le dialogue avec elle, mais elle n'a jamais répondu à mes questions. Je trouve cela dommage. Notre démarche se nourrit des commentaires... Commentez-nous, nous vous répondrons.

Han Han : Que retiens-tu de cette première édition? Est-ce que tu as vécu des trucs un peu extraordinaires, des surprises auxquelles tu ne te serais pas attendues?


Maud : Très sincèrement, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'entrais dans un monde étrange, moite et obscur. J'ai beaucoup de souvenirs excitants, comme la soirée d'ouverture, la rencontre avec Jean-François Davy ou la lecture le dimanche au Luxembourg. Ce que je retiens aussi c'est que j'ai vraiment envie de préciser le propos. L'idée du festival part d'une intuition. J'ai vraiment envie de préciser mon idée de l'érotisme... en allant vers quelque chose de raffiné, stimulant, et moderne.

 


Han Han : Puisque tu n'es pas seule aux commandes, peux-tu nous parler de l'équipe du Festival de Film de Fesses? Vos rencontres, vos relations, on veut tout savoir!

 

Maud : J'avais pensé au festival depuis quelque mois mais il était dur pour moi d'aller au bout de cela seule. J'en ai parlé à Anastasia Rachman qui a tout de suite accepté de me suivre. Elle a un dynamisme incroyable. Sans elle, le festival ne serait pas ce qu'il est. Puis nous avons sollicité Antoine Héraly, mannequin, brillant programmateur qui nous a aidées à trouver des films. Anaïs Uzan nous a aidé pour l'aspect administratif. C'est une personne incroyablement efficace. Une productrice, Delphine Schmit, nous également aidé pour les partenariats. L'équipe va se redéfinir cette année : nous cherchons toujours de nouvelles personnes intéressées par notre démarche.


 

Han Han : Qui est la personne la plus révolutionnaire lascive dans la team, toi ?

 

Maud : Difficile de répondre à cela, mais j'organise la semaine prochaine un strip-pocker pour élire le plus lascif de l'équipe. Tu viens ?



Han Han : Pourquoi pas?! C'était une première édition, du coup vous prévoyez de remettre ça ? On n'ose pas vraiment imaginer que vous puissiez jeter l'éponge, vu le nombre de choses qu'il y a à dire et à montrer sur le sujet et l'engouement qu'a suscité l'évènement. Qu'envisagez-vous de mettre en avant ? J'ai lu que vous aviez envie de dynamiser l'aspect nocturne, ça veut dire plus de fête ?

 

Maud : Oui nous remettons ça en juin prochain. Il y a beaucoup d'autres films à mettre en avant. Nous voulons en effet mettre de plus en plus en avant la partie nocturne. En juin dernier, on a mis en place le festival en moins de trois mois, presque sans un sou. L'idée de départ est de faire un beau festival de nuit. Avec un peu plus d'argent, et un peu plus de moyens, je l'espère, nous arriverons à aller au bout de cette idée.



Han Han : On assiste souvent à une intellectualisation de l'érotisme, peut-être par besoin de le mystifier pour le différencier et l'opposer un peu plus à la pornographie. Vous, vous avez sans ambiguïté déclaré que vous vouliez de la réflexion mais aussi une bonne dose de fun, notamment en programmant les comédies libérées de Jean-François Davy, est-ce que vous ne regrettez pas un peu cette béatification de l'érotisme qui l'éloigne parfois de sa réalité crue, nue, sexuelle?

 

Maud : Absolument pas. Si je te montre mon vagin tel quel, je ne suis pas sûre que ça te plaise. Ricoeur dit que le désir c'est du "plaisir imaginé". J'aime bien cette définition. Une réalité crue, nue et sexuelle ne m'intéresse pas, je préfère quand elle a trempé dans mon cerveau. On intellectualise peut-être la sexualité, c'est une critique possible. Mais si rigoler c'est intello, alors je suis une intello. J'aime bien les opérations de l'esprit. Et je t'assure qu'il n'y a rien de plus cru et nu que quelque chose d'un peu réfléchi.
 

Han Han : A la soirée d'ouverture, j'ai été particulièrement touché par la lecture de textes de Pierre Louÿs, un écrivain dont j'adore l'humour atemporel et la désinvolture révolutionnaire. C'était formidablement mis en scène, très respectueux de l'oeuvre. J'ai oublié le nom des artistes-comédiens-lecteurs, peux-tu nous parler d'eux, ils ont aussi lu des textes au jardin du Luxembourg, et peux-tu nous dire en quoi ces lectures te paraissaient nécessaires? 

 

Maud  : Les trois artistes  comédiens s'appelent  Sabrina Baldassarra, Jean-Stéphane Havert, Benoit Résillot. Ces trois comédiens de théâtre expérimentés ont eu envie pour dire les textes de Pierre Louÿs de se frotter au contact direct avec les spectateurs dans une quasi-improvisation. Le spectacle se construit en forme aléatoire en réaction à l'ambiance du moment. Ils ont travaillé précisément la question de la diction et des rapports des personnages, le reste se passe en direct… C'est Delphine Schmit qui nous les a présentés, et nous lui en sommes très reconnaissants ! Ce ne sont pas les mêmes  comédiens que ceux qui ont lu au Jardin du Luxembourg. Il s'agissait d'autres personnes, comédiens ou quidam, qui souhaitaient participer à une balade où l'on pouvait entendre des mots cochons, ou juste tout doux. Pas sûre que cela soit nécessaire, nous avons juste pris beaucoup de plaisir à organiser ces lectures... et en ce sens, c'est peut-être nécessaire.

 


Han Han : Penses-tu, Maud, comme moi que l'érotisme, si ce n'est la lascivité, sauvera peut-être un jour la planète Terre ?

 

Maud : Non, pas vraiment. Je ne sais pas comment sauver la planète Terre, mais se comprendre de mieux en mieux, et faire de belles choses, ça je pense que c'est possible, et très excitant.


 

 

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