Han Han : Je vous ai découverts il y’a pas mal de temps avec le morceau Drakes, puis j’ai un peu laissé tomber même si ce son m’avait beaucoup touché. Le temps passe, et il se trouve qu’un jour je tombe sur votre vidéo pour I Want What’s Best, grâce à Alex Mélis de l’Aéronef, et là gros coup de foudre part.2 ; peux-tu nous expliquer ce clip super puissant?

 

Andrew Hunt : L’homme dans la vidéo est un homme qu’on appelle John, que je vois toujours dans le bus. Il s’y prépare pour le show qu’il fait chaque jour. Il met ses fringues, il s’arrose de produits dans le bus. Je me suis toujours dit que c’était un mec sacrément bizarre. Quand nous avons pensé à cliper ce morceau, nous voulions mettre en avant quelqu’un qui aurait vécu de nombreuses vies car c’est le sujet de la chanson : Etre frustré de ne pas pouvoir vivre toutes les vies qu’on rêverait de vivre. Lui, il a vraiment vécu plusieurs vies. Il a été un sans domicile fixe, un drogué… Et puis son job. C’est comme s’il avait plusieurs personnalités.

 

 

Han Han : Je dois avouer que c’est un de mes clips préférés. Ce titre justement est extrait de Performance, votre premier album que je trouve élégant et très bien composé. J’ai pris l’habitude pour faire la pub du concert que vous donnez ce soir, de dire aux potes que vous êtes le meilleur groupe de pop britannique du moment. Enfin pas dans le sens de brit-pop. Comment trouves-tu la scène pop anglaise actuelle ?

 

Andrew Hunt : Je trouve qu’au Royaume Uni, il y’a une espèce de fracture entre la vraie pop music et sa version underground. Et je crois que nous sommes tombés quelque part entre les deux, ce qui n’est pas forcément la place la plus confortable. Nous faisons de la musique mélodique, une musique connotée, mais en essayant toujours de créer de nouveaux sons, de créer quelque chose de différent avec tout ça. Chez nous, j’crois pas que ce soit le lieu parfait justement pour ce genre de progressive pop music.

 

 

Han Han : Aimes- tu danser ?

 

Andrew Hunt : Oui.

 

Han Han : Qu’aimes-tu à propos de la danse ?

 

Andrew Hunt : Les filles. La meilleure chose avec la danse c’est lorsqu’il y’a des filles. Et attirer. Même en dehors c’est fun, mais les filles, c’est plutôt ça.

 

 

Han Han : Vous-considérez-vous comme un groupe sur lequel on danse ? Perso je pense que oui, mais je voudrais avoir ton point de vue.

 

Andrew Hunt : Nous aimons beaucoup la dance music et les musiques électroniques, c’est carrément une influence. Mais la plupart du temps, les gens nous voient comme un groupe avec des textures et des sons intéressants. Ce qui compte c’est pas vraiment d’être dansant ou non, et c’est plus que probable que le prochain album soit moins dansant. Ce qui m’importe c’est que l’album transporte un peu les gens ailleurs.

 

 

Han Han : Un groupe, c’est parfois une histoire d’égos. Te souviens-tu des raisons qui vous ont poussé à former Outfit ?

 

Andrew Hunt : Certains d’entre nous avaient déjà joué dans des groupes ensemble. Mais la vraie raison c’est que nous vivions ensemble. Le batteur Dave enregistrait et produisait des groupes. L’idée du groupe c’était de réunir tout le monde, de faire quelque chose qui nous réunissent tous. Nous voulions un groupe qui soit plus émotionnellement direct.

 

 

Han Han : Revenons-en à Performance, un album hédoniste, psycho-analytique. Vous écouter c’est rentrer profondément à l’intérieur de soi et avoir envie d’aller ailleurs comme pleurer sur l’épaule de sa bien-aimée, ou voyager vers les lieux paisibles qui nous manquent. C’est un peu ce que tu dis dans certaines chansons. Par exemple dans Two Islands « I go out to find out who I am, I go out to find out who I’m not » (je sors pour découvrir qui je suis, je sors pour découvrir qui je ne suis pas).

 

Andrew Hunt : Ces paroles sont à propos de… (Onomatopées incompréhensibles). Cet album parle de ça, dans sa globalité. Savoir qui tu es, et être capable de le montrer au Monde. D’où l’idée de Performance. Le prochain album sera à propos des barrières que tu te poses à toi-même. Performance c’est performer ton identité, l’assumer publiquement.

 

 

Han Han : Es-tu déjà allé dans une rave party ?

 

Andrew Hunt : Oui !

 

Han Han : Et quel est ton meilleur souvenir ?

 

Andrew Hunt : Ca fait vraiment partie de l’identité d’Outfit en fait. Quand nous étions adolescents, nous allions dans des raves sur une île en face de New Brighton où nous vivions à l’époque. C’était de la musique psychédélique et c’était vachement excitant pas que pour le côté psychédélique mais aussi pour le côté communautaire. Et ça a eu une influence car j’ai toujours aimé me retrouver dans des grands groupes de personnes, des communautés. Du coup les raves ont beaucoup influé sur l’existence du groupe. D’ailleurs au début du groupe nous vivions dans une grande maison, nous étions 20, et nous faisions plein de fêtes avec des lives, des djs, de très grosses soirées.