top of page

"Une relation sereine [...], c'est un truc qui peut t'aider à te concentrer sur la musique"

Entretien avec Yan Wagner dans le cinéma de la Gare Saint-Sauveur, le 5 juillet.

Han Han : Pour commencer de façon assez naïve, comment va la vie en ce moment ?

 

Yan Wagner : La vie va super bien, on tourne beaucoup en juillet, et les premières retombées du disque après 9 mois environ sont plutôt bonnes. La vie va plutôt bien, et je commence à bosser sur le prochain…

 

 

Han Han : J’ai appris que tu avais composé le premier album, Forty Eight Hours, en buvant du vin, est-ce que ça lui a insufflé quelque chose d’orgiaque ?

 

Yan Wagner : Cette formule n’était qu’une formule pour dire que les paroles sont venues de façon naturelle, la voix et les paroles étaient comme un instrument, et venaient en parallèle avec la musique. C’était aussi une façon d’allier le vin, que j’aime boire, avec ma façon de concevoir ce premier album. Donc oui, on peut dire que le côté disco, le côté un peu techno, je pense que dès qu’on fait ce genre de musique, il y’a toujours un petit côté sexy, orgiaque. Moi j’aime que la musique soit sexy, voire limite un peu bizarre kinky, une musique moite un peu dégueulasse je trouve ça bien.

 

 

Han Han : Un peu perverse.

 

Yan Wagner : Oui, par exemple le morceau Love Sick, qui est sur un maxi sorti avant l’album, l’idée c’était que ce soit pervers.

 

 

Han Han : Et du coup, de quoi parle le vin, et que se passe t’il en 48 heures ?

 

Yan Wagner : Le titre Forty Eight Hours, en particulier, c’est à la fois un clin d’œil au morceau 24 Hour Party People des Happy Mondays, je trouvais ça marrant de doubler ça. Donc la fête frénétique. Et en même temps c’est un clin d’œil à un prof que j’ai eu qui n’arrêtait pas de dire que 24 heures dans une journée ce n’est pas suffisant.

 

 

Han Han : Pour rester dans l’addiction, as-tu arrêté de fumer ?

 

Yan Wagner : Non…

 

 

Han Han : Dommage. En revanche, j’ai su que tu ne prenais pas de drogues dures et j’en étais très content. C’est vrai c’est un peu la gangrène des musiques électroniques.

 

Yan Wagner : Pas que des musiques électroniques. Même dans la chanson. C’est un truc qui malheureusement sévit partout.

 

 

Han Han : T’as commencé (la musique) seul, je t’avais d’ailleurs vu à la Péniche. Maintenant il t’arrive d’être accompagné d’autres musiciens. Tu as dit qu’être seul ce n’est pas une fatalité, alors pourquoi cette nécessité ? Et quelles différences remarques-tu ?

 

Yan Wagner : J’ai tourné pendant 2, 3 ans tout seul, c’est un peu frustrant. Le concert est toujours le même, et même bêtement, niveau pratique, tourner seul c’est un peu ennuyeux. Ensuite, ce que je voulais c’était que les musiciens puissent interpréter et ajouter leur patte, ce qui permet d’être surpris sur scène, et aussi de générer plus de sons, 6 mains, trois bouches, forcément on s’éloigne des sons préenregistrés que j’utilise quand je suis seul. Et paradoxalement, le fait de jouer la plupart du temps fait que quand je joue seul, je m’éclate. Ça m’a un peu décrispé, le fait de considérer les morceaux autrement, puisque d’autres personnes se sont accaparées la chose. De fait, je suis plus élastique.

 

 

Han Han : T’as dit avoir un peu de mal avec l’idée de personnage. Penses-tu être toi-même à 100% lorsque tu es sur scène ?

 

Yan Wagner : Je ne crois pas. Quand tu es sur scène, tu as une idée de l’image que tu penses dégager, et c’est vrai que je ne cherche pas à jouer un rôle, et de l’autre côté, il y’a la réception des gens en face de toi. Un public vient et te voit, et je pense qu’il s’imagine des choses sur cette personne qui est sur scène, et c’est pas à moi de dire « non, c’est faux ce que tu imagines ». Je ne suis donc pas moi-même car fatalement tous ceux qui sont là pour le concert vont créer eux-mêmes le personnage.

 

 

Han Han : Sur le site du festival Musilac à Aix-En-Provence, où tu joues la semaine prochaine. Ils parlent de « punk efficace ». N’as-tu pas peur du quiproquo ?

 

Yan Wagner : Putain j’avais pas lu ça. Punk efficace? Les mecs, ils connaissent bien la musique !

 

 

Han Han : En même temps, t’as fait tes premiers gigs dans des lieux DIY pas toujours légaux à Brooklyn. T’es sûrement un punk du 21ème siècle.

 

Yan Wagner : Ouais sûrement. C’est bizarre ce truc. Peut-être qu’ils se sont gourés et qu’ils ont échangé avec la bio de Blondie.

 

 

Han Han : C’est peut-être ça. J’ai aussi appris que tu avais laissé en stand-by ta thèse d’histoire sur un sujet hyper intéressant auquel la plupart des clubbers n’ont jamais songé : l’apparition des nightclubs. Est-ce que tu as toujours une petite copine ?

 

Yan Wagner : Ouais Ouais.

 

 

Han Han : L’amour est-il la matrice de ta créativité ?

 

Yan Wagner : Ouais, c’est sûr. Quand on est malheureux, ce qui n’est pas mon cas depuis un certain temps et c’est tant mieux, ça peut avoir une conséquence. Et à l’inverse, une relation sereine et forte, c’est un truc qui peut t’aider à te concentrer sur la musique.

 

 

Han Han : Il semble que tu aimes le partage. Etienne Daho a chanté sur un titre de ton album, et tu as joué du synthé sur un titre de son dernier album. Y’a-t-il des « artistes » avec qui tu rêves de collaborer ?

 

Yan Wagner : Mon grand rêve ce serait de composer la musique d’un film de Werner Herzog. C’est un truc qui m’intéresse de plus en plus : mettre de la musique sur des images. Là je suis sur un projet de court métrage chorégraphique, Mathilde Marc, je travaille sur la bande son, c’est en projet. Pour revenir à Herzog, je suis hyper fan de Popol Vuh, les musiciens attitrés de Herzog à sa période de fou. Si ce mec m’appelle un jour, je crois que…

 

bottom of page