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L'inspiration

Surgit

d'une

Paire de Seins

- Vous fumez les gars ?

               Je me retourne et la vois. Le regard légèrement alcoolisé et moi c’est pareil. Il m’a fallu deux secondes pour l’examiner et imaginer les supposés évènements qui pourraient découler de ses cuisses et je réponds oui. Devinez d’où on vient qu’elles demandent. Paris ? Bingo Paris on vient voir notre pote de Lille c’est elle la blonde aux cheveux courts. J’ai juste entendu qu’elles étaient venues pour moi. Qu’elle était venue. L’inspiration vient d’en haut dit-on alors je regarde le ciel et réfléchis à des phrases à lui dire parce que d’habitude j’en ai beaucoup dans la tête des phrases mais je crois qu’en ce moment c’est plutôt l’alcool qui me parle et me dit qu’elles sont magnifiques et illuminent ma journée et je maudis la lune pour son inspiration qui ne vient pas. Plus tard dans la soirée elle m'avouera ses trente balais mais qu’importe ma belle viens danser, on fera le ménage après. Elle ne fait que me sourire, par moments elle passe une main sur ma joue ou vient me presser le lobe d’une oreille entre le pouce et l’index et moi je m’approche maladroitement pour presser ma braguette contre elle. Je lui fais savoir que je ne sais pas bien danser, elle me répond qu’elle non plus mais c’est pas grave regarde ce type les mains dans les poches il a l’air encore plus con que nous, c’est clair, et là elle me sourit appuyant ses bras sur mes épaules et moi passant une main dans son dos et d’un coup je crois me pisser dessus mais c’est juste mon verre qui se renverse. 

Je lui en paye un. A côté un mec visite la gorge d’une nana bien foutue que j’avais remarquée en entrant et qui lui caresse la cuisse.

               Et puis on parle on parle et je me vois déjà lui faire l’amour. Plus tard dans la soirée je lui ferai comprendre mais dix ans d’écart ça se loupe pas elle doit me prendre pour un rigolo alors je fais mon sérieux et en fais des caisses dès qu’un mec l’approche et je parle je parle trouvant l’inspiration entre ses seins sans qu’il arrive à en placer une et rebrousse chemin se payer un verre après en avoir entendu trois de Baudelaire disant que j’ai un grain mec il est trois heures quatre heures du matin je ne sais pas, ça dépend de la position de la lune dans le ciel peu inspiré ce soir je suppose et par une logique circulaire celle du soleil de l’autre côté du vers que je ne finis pas d’étirer parce que le point final annoncera le point final de tout fermeture extinction des lumières verres vides et fatalement nos deux corps s’éloigneront pour ne jamais se retrouver, et moi j’ai juste entendu je m’incline je n’ai plus qu’à partir la bite penaude et elle, elle sourit et me caresse la joue et à la fin quand la lune a fini ses conneries d’inspiration qui ne vient pas elle me dit t’es mignon et nos nez se frôlent parce que dix ans d’écart ça se loupe pas elle doit me prendre pour un rigolo.

 

Une nouvelle de Farouk Archaoui

Illustration par Yoann Kim

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