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« Si monsieur votre père vous prie de le sucer, ne dites pas étourdiment que sa pine sent le con de la bonne. Il pourrait se demander d’où vient que vous reconnaissiez cette odeur-là. »

 

« Si c’est un monsieur que vous n’avez jamais sucé, ne vous livrez pas à des lècheries savantes tout le long de la pine et derrière les couilles. Il aurait mauvaise opinion de votre passé. »

 

« Si l’on vous demande ce que vous buvez à vos repas, ne répondez pas : Je ne bois que du foutre.»

 

« Si l’on vous dit que l’homme se distingue du singe en ce qu’il n’a pas de queue, ne protestez pas qu’il en a une. »

 

Extraits du Manuel de civilité pour jeunes filles.

DORT LE SOUVENIR, un article sur Pierre Louÿs

          José-Maria de Heredia, poète parnassien, naturalisé depuis le succès de son livre Les Trophées et, par la suite, devenu membre de l’Académie Française, tenait un salon le samedi où se rassemblaient de jeunes écrivains et poètes au 11 bis rue de Balzac.

 

           José-Maria de Heredia avait trois filles dont l’une, Marie, qui pour se moquer de son père crée, à l’âge de dix-huit ans, la « Canacadémie » où l’épreuve initiatique est un concours de grimaces. Prennent place dans cette académie canaque et conséquemment aux grimaces, entre autres, Marcel Proust, Paul Valéry, Philippe Berthelot, André Gide, Léon Blum ou encore Pierre Louÿs. Ce dernier, ami de José-Maria de Heredia et à qui il dédicaça en 1893 son premier livre, Poésies de Méléagre, eut tôt fait de remarquer Marie et d’en tomber amoureux.

 

          Seul hic, son grand ami, Henri de Régnier, partage les mêmes sentiments que lui pour la jolie brune. Le 14 juillet 1895, Pierre Louÿs propose à Henri un pacte : il est entendu de laisser le choix à Marie. Mais dès le lendemain, Henri de Régnier déclare sa flamme aux parents de Marie et l’argent aidant, José-Maria de Heredia, endetté par le jeu, lui remet la main de sa fille. Le mariage a lieu. Marie, furieuse d’être ainsi vendue, jure de se refuser à son mari et de ne se donner qu’à celui qu’elle a toujours aimé, soit Pierre Louÿs.

 

          De Marie de Régnier à Louÿs : « Songez que nous autres jeunes filles nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé c’est de faire visiter ; et encore pas à tous les étages. Ne connaissez-vous pas un gentil garçon qui veuille m’épouser tout de suite pour que je le trompe avec vous ? Ça serait tellement plus commode ».

 

           S’ensuit, dès 1897, un échange de lettres, de poèmes et de messages codés dans les Echos de Paris. Louÿs et Marie vivent une relation faite de passion charnelle et de créativité littéraire. Il la photographie, parfois nue, chez lui ou lors de leurs promenades et s’applique jusqu’à mouler un de ses seins qu’il arbore dans son bureau. Marie flirte avec Jean de Tinan, Louÿs vit une histoire compliquée avec Zohra bent Brahim qu’il finit par renvoyer en Algérie. Parce que Marie est là, parce que leurs amours contingentes les renforcent plutôt que de les détruire. Rien ne peut entacher leur passion, si ce n’est Henri de Régnier. Pour se venger du traître, Louÿs et Marie lui font un enfant dans le dos. Louÿs devient le parrain du fils Régnier et c’est lui qui le déclara à la mairie en lui donnant son nom, Pierre, pour remuer le couteau dans la plaie.

              

           Le 15 mai 1913. Pierre Louÿs à Farrère : « C’est que je suis incapable d’aimer qui ne m’aime pas. L’affection non partagée est un sentiment si étranger à mon esprit qu’il me paraît en dehors des lois de la nature ». En effet, le 21 juin 1899, Louÿs, convaincu par Marie, épouse Louise de Heredia. Mais il n’éprouve rien pour elle.  Quoiqu’il en soit, le nouveau couple vit mal, en partie à cause des difficultés économiques dues à la retraite de l’écrivain de la vie littéraire dès l’année 1901. Pierre Louÿs à Georges Louis, le 20 juillet 1904 : « Mes conversations avec Louise se résument toutes en cette phrase : « Comment paiera-t-on le boucher demain ? » Nous en parlons à mon réveil, nous en parlons pendant le déjeuner, et quand je vais sortir, et quand je rentre, et avant le dîner et après le dîner et à l’heure où je me couche ».

Louÿs, alors âgé de 33 ans ne vit plus qu’enfermé dans son bureau, travaillant la nuit et dormant le jour. De telle sorte que sa femme Louise, il ne la voit plus. Ou du moins la croise-t-il par hasard comme on croiserait son voisin dans le couloir de son immeuble. Quant à Marie, elle finit par le laisser. Louÿs n’a plus que ses maîtresses, des actrices. En 1913, il divorce de Louise et reprend une vie mondaine dans laquelle il fréquente de pair un groupe de lesbiennes, la boisson et la cocaïne.

               

 

            En 1916, il retrouve d’anciennes notes datant de la « nuit de noce » avec Marie, le 29 novembre 1898 dans leur garçonnière de la rue Théodule-Ribot. Il en fait un poème, le Pervigilium Mortis.

 

             Pierre Louÿs meurt en 1925 d’une crise d’emphysème, laissant au fond de ses tiroirs « quatre cent kilos de manuscrits obscènes » et des centaines de photographies pornographiques prises dans son appartement ou dans des bordels en Algérie et en Egypte et dont il voulait cacher l’intimité au public. Ce même public, qui à l’époque ne connaissait que Les Chansons de Bilitis, Aphrodite, La Femme et le Pantin et Les Aventures du roi Pausole, ne sait comment accepter cet héritage composé principalement de textes érotiques jugés « immoraux » mais aussi de manuscrits de ses amis comme ceux d’Oscar Wilde ou d’André Gide, des poèmes, des journaux intimes, une immense correspondance avec ses amis Claude Debussy et Paul Valéry entre autres, des notes de recherche, des études d’histoire littéraire ou encore le fameux dossier Corneille-Molière dans lequel il affirmait que la plupart des pièces de Molière telles que Tartuffe, Le Misanthrope ou Don Juan, auraient été écrites par Corneille. Tout est alors dispersé aux quatre vents, vendus grossièrement aux amateurs d’autographes et de curiosa.

 

              En 1926 et 1927, sortent sans mention d’éditeur le Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, Trois filles de leur mère, Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, des Poésies érotiques, Pybrac et Douze douzains de dialogue.

               

          On retient surtout de l’œuvre érotique de Pierre Louÿs un détournement de textes moralisateurs et assommants en un humour grivois, teinté de fantaisie et d’ironie. Autrement dit, son écriture se fait comme un pied de nez au puritanisme et à la pensée bourgeoise de son époque.

 

        Laissons-lui la parole : « J’écris un con, un con parce que j’ai plaisir à l’écrire. » 

Zohra bent Brahim photographiée par Pierre Louÿs

Marie et Henri de Regnier

Quelques petits bouts de l'héritage photographique et littéraire que nous laisse Pierre Louÿs

« Tu rebandes ? 
II me semble que ça se voit. 
Oui, cochon !… Remets-la-moi, dis. 
Je suis fatigué. 
C’est bon. Reste sur le dos. Je vais me la fourrer dans le ventre et je ferai tous les mouvements… Oh ! dis ! veux-tu faire une chose ? Prends mon godmiché sous mon traversin, et fourre-le-moi dans le trou du cul pendant que je baiserai, le dos tourné. 
Je ne t’ai pas enculée d’aujourd’hui et ça te manque ! Putain ! Ose donc le dire que tu n’aimes pas ça ! 
Non, j’aime pas ça tout seul dans le cul ; mais les deux ensemble, tu comprends, la pine par-devant, le godmiché derrière, et quand je branle mon bouton par-dessus le marché… 
Rien que ça ! 
Oh ! ben dis donc ! V’là sept fois que je décharge depuis le souper. Faut bien inventer quéque chose pour que je pisse encore un petit verre de jus… Là ! ta queue y est bien. Pousse la fausse bite, pousse donc ! Aïe ! tiens, ça vient, salop ! Pas besoin de m’arçonner. »

 

Extrait du « dialogue des amoureuses » du Douze douzains de dialogue.

« Si tu étais bien gentil… 
Qu’est-ce que je ferais ? 
Regarde comment je me place. 
Tu veux foutre en levrette ? 
Non. 
Tu veux une minette par-derrière ? 
Non. 
Ma langue au trou de ton cul ? 
Pas ta langue. 
Ma pine ? 
Tu es long à comprendre, tu sais. 
Ça va te faire mal. 
C’est mon affaire. Je te dis de m’enculer. 
Bien, bien… Oh ! que c’est dur. 
Écarte-moi les fesses… Pousse bien au milieu… 
Tiens… la tête y est déjà. 
Ah ! ha ! Branle-moi, dis, branle-moi… 
Attends donc que tout soit entré ! 
Oh ! pas si au fond… tu me déchires… 
Ouvre les cuisses pour que je te branle mieux. 
Ah ! que je jouis… remue, dis… Ah ! ha ! je le fais ! »

 

Extrait du « dialogue des enculées » du Douze douzains de dialogue.

« Lykas donc s’était étendu, les jambes écartées : sa belle queue était devant moi, dressée triomphalement. Je m’agenouillai et, l’ayant saisie d’une de mes mains, je commençai à la pomper à pleine bouche, en appuyant avec ma langue sur le dessous du gland. Avec mon autre main, je… lui travaillais gentiment les couilles et lui faisais, entre les fesses, particulièrement sur la muqueuse de l’anus, ces chatouillis légers qui m’ont rendue célèbre à Lesbos. »

 

Extrait des Chansons secrètes de Bilitis.

Documenté et raconté par Farouk Archaoui

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