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Round Zéro​ selon Thomas Journel

A l'instar d'un Ground Zero dans votre univers sexuel, Han han, pour moi le pirate des fantasmes détourne votre trajectoire vers la destruction du phallus omniprésent.

Qui dit round dit combat, dit même combats sauf ko. Mais zéro dit qu'il y a un temps avant le combat, un temps de préparation, de chauffe…


Justement c'est de ça qu'il s'agit : la chauffe de son sexe, au contact de celui de l'autre, rien d'autre.
Le round zéro, donc exit les préliminaires : emboîtement direct penis-vagin puis laissez monter la sève. Pas non plus de baisers avec la langue qui convoquent les fantasmes et provoquent l'excitation. Ce n'est pas mieux qu'une autre façon, c'est fait pour revenir à la base du rapport en affinant ses sensations, vers l'extraperception.

Dans ce temps sans fin où la pensée peut venir d’un « qu'est-ce que je fous ici ? », vous vous concentrez sur les sensations de votre sexe, mais sans bouger.


Progressivement vous ressentez les plis du vagin qui s'écartent au contact du pénis durcissant, l'enchevêtrement de vos poils pubiens, le souffle sur votre peau, les odeurs. Vous fermez les yeux et placez votre attention là où ça bat : votre cœur, les points de contact avec votre partenaire où la pression sanguine se fait sentir et votre sexe qui bat lui aussi. La perception de votre cœur s'étire, en fait en faisant ça vous ouvrez votre cœur.

Vous connaissez déjà la mécanique sexuelle et ce n'est plus cela qui vous intéresse. Vous êtes un connaisseur, un limier de l'orgasme et vous pressentez qu'il est tapi là. Votre mental s'arrête, les images sensuelles icônes intérieures de votre plaisir d'avant s'effacent pour laisser place au vide. Que va-t-il advenir ? L'excitation monte devant l'inconnu que vous percevez maintenant, alors que les parois de la verge et du vagin fusionnent. Vos énergies s'activent.

Soudain un frisson met le feu à la mèche. Vous vous mettez en marche dans cet inconnu, vous sentez votre corps qui bouge, mais c'est maintenant lui qui guide votre habitude vers le musée des rapports sexuels. Vous bougez infiniment lentement, comme au ralenti pour ressentir les nouvelles limites de votre perception. Ressentez bien le nouveau moteur de votre désir : ce sont vos cœurs qui dansent.

Après cette expérience, plus de retour en arrière, vous aurez découvert un champ d'exploration qui revisitera toutes vos positions dans les rounds suivants, avec de la profondeur : techniquement votre vagin et votre pénis seront tellement dilatés et raides que vous vous sentirez totalement absorbés, englués, malaxés dans une chaleur dense à la confondre avec la vôtre, votre perception aura dépassé les limites de votre corps.

Pas de mystère, osez ne rien faire et descendre aux racines de votre désir.

A ce stade, vous ne comprenez plus ce qui se passe. Vos repères sont brouillés, presque perdus dans la quantité de nouveaux signaux qui montent désormais à vos neurotransmetteurs, vous avez même perdu le but : il n'y a plus de jouissance à atteindre, vous êtes déjà dedans. La poudrière était dans la mèche.

Une fois compris votre état de grâce, vous pleurez. De bonheur vous laissez s'évanouir le coït, devenu superflu, tel un lièvre déguerpissant à l'approche du taureau. Vous êtes libres du spectre de l'éjaculateur précoce et du stress de faire jouir l'autre ou de jouir pour l'autre, votre plaisir est dans la danse des désirs.

Au passage vous atteignez le summum du respect sexuel : orgasme simultané, ou l'autre seulement jouit et pas vous et cela ne vous enlève rien, bien au contraire votre énergie est plus vivace que jamais. Alors sans précipitation, vous pouvez partir à l'assaut de votre montagne par la face nord ou mettre la langue dans le puits et retrouver vos joies anciennes, transformées à jamais maintenant que vous êtes passés par le round zéro, ou comment ajouter la cerise sur un gâteau et régaler son âme.


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