Quand on parle de Révolution sexuelle, on pense de suite, sans y réfléchir, comme si c’était écrit noir sur blanc, aux mouvements libérateurs de Mai 68 et des années 70. La libération de la femme, la contraception, la chute du tabou naturiste… Que seule la génération des cinquantenaires a connu.  

Foutaise. La révolution sexuelle, quand on cherche bien, a eu lieu il y a plus de 400 ans.

Elle a eu lieu avant et avec la Révolution Française.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La philosophie dans le boudoir, Donatien Alphonse de Sade dit le Marquis de Sade, 1795

 

 

"Me voilà donc à la fois incestueuse, adultère, sodomite, et tout cela pour une fille qui n'est dépucelée que d'aujourd'hui". Le ton est donné. Accrochez-vous !

 

C’est rare de lire du Sade sans ressentir des sentiments tels que la gêne, le dégout ou la consternation. Aussi rare que de trouver des adultes dans les victimes de ces bourreaux de protagonistes !

Et pourtant… La philosophie dans le boudoir, roman érotique publié après le fameux Les cent vingt jours de Sodome (écrit alors qu’il était enfermé à la Bastille soit dit en passant) est un manuel d’éducation sexuelle purement consenti. Et ce n’en est que plus excitant de le parcourir… Eugénie de Mistival se voir offrir, quel privilège, des leçons de libertinage par le trio le plus libertin jamais vu. De la beauté à la laideur du sexe, vous verrez tout. Dolmancé, le chevalier de Mirvel et madame de Saint-Ange s’en donnent à cœur joie. Les dialogues – sept – sont entrecoupés de discours sur la liberté, la religion, la politique, la morale.

Larousse du plaisir très libéré des corps, cet ouvrage est un hymne au libertinage. Au libertinage … Vu par Sade. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos, 1782

 

 

"J’ai bien besoin d’avoir cette femme pour me sauver du ridicule d’en être amoureux".

 

Si même l’éducation nationale autorise l’étude de ce roman, c’est vraiment qu’il est un monument de la littérature – érotique. Certes, le sexe n’est pas étalé aussi crument que le fera Bukowski mais la finesse de Choderlos n’en est pas moins exaltante pour nous lecteurs…

Le roman se présente comme une longue série de lettres, la plupart écrites par les libertins et protagonistes la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. Jalousie, combat d’épées, coups bas et tromperies, ce récit est plus fort en rebondissements qu’un scénario hollywoodien : et pour cause, en 1988, l’excellent John Malkovich donnera la réplique à Glenn Close dans le rôle du Vicomte.

Mais, ne vous méprenez pas ! Les liaisons dangereuses n’est pas le genre de roman qu’il vous faut pour jouir sous la couette en deux temps trois mouvements. Il y a Dorcel pour ça. Non, non, mais ce roman est fait de métaphores, de sous-entendus perpétuels et d’euphémismes.

Le libertinage est omniprésent, il embaume le lecteur, c’est brillant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les onze mille verges, Guillaume Apollinaire, 1907

 

 

"Mademoiselle, je ne vous ai pas plutôt aperçue que, fou d’amour, j’ai senti mes organes génitaux se tendre vers votre beauté souveraine et je me suis trouvé plus échauffé que si j’avais bu un verre de raki".

 

Ne m’en tenez pas rigueur, ce roman érotique n’est, à proprement parler, pas dans l’air du temps des deux précédents ouvrages. Mais il est si bon, si drôle, si improbable qu’il me fallait absolument le présenter ! Les onze mille verges est un livre érotique qui ne fait pas bander. Ou s’il vous fait bander, c’est que vous aimez tout ce qui, habituellement, répugne l’être humain. Enfin, ça ne tient qu’à vous. C’est de votre bibliothèque qu’il s’agit. Et puis je l’ai dans la mienne ! Certains ont dit de cet ouvrage que c’était du Sade réécrit par Hara-Kiri. Et pourtant… Voilà du libertinage, du vrai ! Au-delà de tout, bien au-delà de la morale, des mœurs. Les onze milles verges est une expérience unique.

Entre Bucarest et la capitale française, le prince Mony Vibescu commet la dépravation de tout ce qui lui tombe sous la main. Et on aime suivre ce libertin dans ses aventures les plus folles, folles au point de l’envoyer même droit vers une fin des plus fatales…