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Photo : Victor Pattyn

Sûrement un des groupes locaux les plus sensationnels, Pan Aurora impose d’emblée son ton post-apocalyptique comme une évidence : nous vivons déjà dans le monde d’après. La vague New Wave est passée, raz-de-marée enchanté, et il ne reste plus rien pour se raccrocher, seulement les petites histoires sans fin de Jordan et les arrangements de synthétiseurs de JB, membres fondateurs du quatuor, qui m’ont invité chez eux pour le petit déjeuner.

Han Han : Quelle est votre ou vos visions de l’apocalypse ?

Jordan : Il y’a cette apocalypse où tu sors de chez toi, tu vas chez le boulanger, et c’est fermé alors que c’est mardi. Et en fait y’a plus personne nulle part ! Tout a été laissé dans l’état mais tout le monde a disparu. Tu te promènes, passes des coups de fil, personne ne répond, plus rien. Ça c’est un peu l’apocalypse aseptisée. Sinon un bon vieux Mad Max, Steam punk…

JB : il y’a l’alpha et l’omega…

Han Han : Si cette interview parait, c’est que la prédiction des mayas était une autre supercherie. Peut-on décemment croire en la fin du monde ?

JB : Il est évident que l’humanité connaitra une fin.

Jordan : Un biologiste australien a prévu la fin de l’humanité.

Han Han : En revanche, vous avez bel et bien sorti votre premier Ep, Inward, il y’a un mois. Les éloges sont tombés tels des flocons de neige, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

JB : On n’a pas vu beaucoup de flocons de neige cette année…

Jordan : … Ou ils ont vite fondu. (rires)

Non, c’est vrai, quand je compare aux chroniques du premier album de Japan, on a eu de plutôt bons retours.

JB : C’est encourageant, au moins ça veut dire qu’on ne fait pas complètement de la merde. (rires)

Han Han : J’ai été surpris par le traitement de ta voix. Beaucoup d’effets, alors qu’on se rend compte dans la vidéo de Black Room Session d’une espèce de grâce naturelle. Tu étais enrhumé le jour des prises ?

Jordan : Il y’a un petit traitement de voix sur le titre de la Black Room, un parti pris plus chaud.

JB : Sur l’Ep, c’était assez logique et naturel de rendre la voix plus glaciale qu’elle ne l’est. On aurait aussi pu prendre à contre-pied, mais pour cet enregistrement c’était comme ça que ça devait être.

Han Han : Je sais que Pan Aurora fait partie intégrante de vos vies. Vous êtes colocataires, vous bossez beaucoup sur ce projet ; quels sont les plus grands plaisirs de la vie?

Jordan : Comme disait Schopenhauer « La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. ».

Non plus sérieusement, moi ce que je préfère c’est composer. Avoir du temps. Tourner, la logistique, la communication, je ne trouve pas ça intellectuellement très épanouissant.

JB : Après, jouer ça peut procurer des sensations pas désagréables. Quand le public est réceptif, ça fait quelque chose, je ne dirais pas quelque chose de magique, mais je commence à y prendre goût.

Han Han : Jordan, quels thématiques traitent tes nouveaux morceaux ? De nouvelles directions ? De nouvelles inspirations ?

Jordan : C’est moins urbain, dans les atmosphères c’était très présent. Au niveau des paroles, c’est sûrement plus sombre, mais aussi plus simple, plus brut et direct tout en étant plus imagé. J’écris des espèces de petites scénettes. Peut-être pas comme une nouvelle, mais des mises en scène atmosphériques que j’ai peut-être pu tirer d’auteurs comme Kazuo Ishiguro qui peuvent écrire des bouquins de 400 pages sans réelle histoire, mais avec des personnages et une trajectoire. Musicalement, l’influence des années 80 va se faire de plus en plus ressentir, des trucs comme Talk Talk, Japan, Depeche Mode ont été des découvertes et des redécouvertes essentielles. Et peut-être qu’en ayant écouté ça avant, les gens seront plus enclins à comprendre notre monde. Ils avaient à l’époque une démarche particulière, de la pop qui ne plait pas non plus à tout le monde.

Han Han : Quelles sont vos bonnes résolutions pour la nouvelle année ?

Jordan : Faire toujours de la musique…

JB : … Être un peu moins branleur.

 

Interview réalisée chez eux à Lille le 31 décembre

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